Le mécanisme de tout procès consiste à convertir un conflit, parfois violent, en paroles sensées. Cette démarche n’est pas naturelle, elle nécessite d’avoir recours à certains artifices pour réussir.
Le formalisme de la procédure permet ainsi de distribuer la parole, de rendre le débat possible en aménageant à chacun une position stable, de chasser la violence pour laisser place au discours. L’agressivité initiale fait en quelque sorte l’objet d’une conversion dans le cadre structuré de l’audience.
Les règles de procédure, contenues dans les codes (code de procédure pénale et code de procédure civile notamment) participent de cette fonction.
Le rituel du procès vient rappeler que ce qui se joue au cours d’un procès dépasse la réalité concrète de ses protagonistes. Le costume porté par le magistrat permet, par exemple, de marquer la distance entre leur individualité et leur fonction. La "robe" incarne aujourd’hui le signe de l’intemporalité et de l’universalité de l'institution judiciaire. Seuls les magistrats de l’ordre judiciaire doivent la porter à l'audience. Les magistrats de l’ordre administratif siègent en tenue civile (sauf les juges des juridictions financières).
L’architecture du palais de justice participe aussi de ce rituel et connaît actuellement une mutation symbolique. Depuis le XIXe siècle, l’inspiration architecturale était celle des temples antiques gréco-romains, matérialisée par des colonnes, d’imposants escaliers et statues, symboles de puissance et d’intangibilité. Les palais de justice construits ces dernières décennies mettent plutôt l’accent sur les parois de verre, symbole d’une justice transparente.
Le rituel est ainsi le moyen de garantir à la justice son autorité. Le recours aux symboles permet de marquer la distance qui sépare le justiciable de la loi et qui en fonde la grandeur.