Quelles évolutions peut-on observer dans la profession médicale ?

Protection sociale

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En détail

Les difficultés d’accès aux soins dans les territoires les moins dotés en professionnels de santé, et plus spécifiquement en médecins, constituent l’une des faiblesses du système français de santé. Ces phénomènes risquent de perdurer pour des raisons à la fois conjoncturelles et structurelles, même si certains points d’inquiétude, comme l’âge moyen des médecins en exercice, semblent aujourd’hui moins prégnants.

Ainsi, parmi les médecins, la moyenne d’âge se réduit du fait d’un nombre important de départs en retraite entre 2012 et 2020 et de l’entrée en activité de générations de médecins plus nombreux en raison du desserrement des contraintes du numerus clausus (cf. plus loin) dans les années 2000. Cette moyenne d’âge est, en 2021, de 49,3 ans, alors qu’elle s’établissait à 50,7 ans en 2012. Mais ce rajeunissement est en trompe-l’œil, la pyramide des âges étant en effet déformée par l’arrivée des jeunes générations plus nombreuses. Les départs, même moins nombreux, des médecins les plus âgés, pèsent toujours sur l’accès aux soins et risquent même d’accentuer les difficultés de remplacement de ceux qui exercent dans des zones peu attractives (rurales et défavorisées), accentuant de fait les inégalités territoriales.

Par ailleurs, on assiste à des transformations sociologiques. Longtemps considérées comme un "métier à part" fondé sur le "dévouement" aux patients, ces professions se banalisent ; elles se rapprochent, dans leur manière d’appréhender leur activité, des autres métiers. Ainsi, pour les jeunes médecins, l’intérêt qu’ils portent à leur travail s’accompagne d’une volonté de préserver leur vie familiale. Cette dimension est particulièrement prégnante à un moment où les professions de santé, et notamment les médecins, se féminisent (en 2021, 65% des médecins généralistes de moins de 40 ans sont des femmes).

De nombreux professionnels de santé émettent le souhait de s’aligner sur les temps de travail communs (35 heures), de pouvoir bénéficier des mêmes durées et des mêmes périodes de vacances est fort. On le retrouve dans la désaffection du choix d’exercice en libéral dès la sortie des études de médecine. L’exercice salarié (dont les remplacements) est ainsi privilégié. Il permet ainsi de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle et d’exercer la médecine "différemment", c’est-à-dire de manière moins isolée et avec plus de liens et de concertations avec des collègues et d’autres professionnels de santé.

Enfin, l’attractivité d’une région en termes de situation géographique, de contexte économique et d’offres de services ou de loisirs est déterminante pour le lieu d’installation, accentuant de fait les inégalités de présence territoriale.

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