Parmi les effets positifs du système de soins, on peut citer entre autres :
- l’espérance de vie élevée (Eurostat) : les femmes françaises vivent en moyenne plus longtemps que les femmes européennes (85,5 ans contre 82,9 ans en 2021). L’espérance de vie des hommes (79,3 ans) se situe également au-dessus de la moyenne européenne (77,2 ans). L’espérance de vie au-delà de 65 ans progresse aussi : elle atteint 23,3 ans chez les femmes et 19,2 ans chez les hommes en 2021, contre respectivement 20,9 et 17,3 ans pour la moyenne européenne (Eurostat) ;
- les bons résultats en matière de traitement des maladies cardiovasculaires. En 2020, elles constituent la deuxième cause de décès en France pour les femmes et les hommes après les cancers (Eurostat). Pour autant, la France affiche le taux de mortalité le plus faible d’Europe pour les deux sexes : 226 décès pour 100 000 hommes et 139 pour 100 000 femmes en 2019 ;
- un recul du nombre de décès prématurés, c'est-à-dire avant 65 ans, depuis plusieurs années (Drees). Les cancers et les maladies neuro-cardiovasculaires en demeurent les principales causes. Ces décès concernent essentiellement les hommes, qui meurent presque deux fois plus souvent que les femmes avant 65 ans en 2022 (Insee). En 2019, le taux de mortalité prématurée chez les hommes (249 décès pour 100 000 habitants) et les femmes (125 décès) se situait en dessous des moyennes européennes (Eurostat).
Sur ces trois points, les effets du système de soins sont importants. L’accès aux professionnels (médecins généralistes et spécialistes, autres professionnels de santé), aux infrastructures (hôpitaux...), aux équipements (IRM, scanners, radiologie...) ainsi qu’aux techniques et aux produits de santé (médicaments) permet de prolonger la durée de vie en bonne santé ou avec une affection de longue durée (ALD).
En France, 12,3% du produit intérieur brut (PIB) ont été investis dans le système de soins en 2021 (Drees). L'état de santé de la population fait, malgré cela, apparaître de fortes inégalités spatiales et sociales. Ainsi :
- 45% de la population française présente une surcharge pondérale et 14% souffre d'obésité. La part de personnes obèses est plus élevée dans le nord de la France (dépassant 20% dans certains départements) et dans la plupart des départements et régions d'outre-mer. Elle diminue lorsque le niveau de diplôme ou de revenu augmente ;
- en 2019, 11% des plus de 15 ans résidant en France métropolitaine souffrent de symptômes dépressifs (12% des femmes, 9% des hommes) contre 7% en 2014. Ces syndromes frappent plus durement les milieux modestes. Les jeunes également : pendant la crise sanitaire, 22% des 15-24 ans présentaient des symptômes. Les hospitalisations pour tentative de suicide ou violences auto-infligées ont diminué en 2020 mais elles ont bondi en 2021 chez les jeunes femmes ;
- les maladies chroniques touchent plus souvent des personnes aux faibles revenus.
La France figure également parmi les pays européens les plus consommateurs d'alcool. La consommation quotidienne a baissé depuis plusieurs décennies, mais les alcoolisations ponctuelles importantes (au moins six verres standards, soit 60 grammes d'alcool pur) ont augmenté. En 2019, elles concernent 26,5% des femmes et 50,1% des hommes de 15 ans ou plus en France métropolitaine (contre 16,5% et 42,0% en 2014). Le tabac, première cause de mortalité évitable, recule : 18,15% des 15 ans ou plus fument quotidiennement en 2019 alors qu'il étaient 25% en 2014. Une baisse qui s'arrête en 2020, année de la crise sanitaire.
Une large part des pathologies ou des décès liés à la consommation excessive d'alcool ou de tabac pourrait être évitée par une modification des comportements individuels et une prévention plus systématique et organisée.
Système de soins et santé publique : un facteur parmi d'autres
- Des études historiques montrent que le fort recul des décès entre le XVIIIe et le XIXe siècle est intervenu avant l’essor des sciences médicales, grâce à l'amélioration des conditions de vie, en particulier de la nutrition, de l’accès à l’eau potable et du développement de l’hygiène publique.
- La seconde moitié du XXe siècle voit l’essor de traitements efficaces comme les antibiotiques et les vaccins. Leur incidence sur l’état de santé des populations est majeure. Des pathologies très meurtrières comme la tuberculose ont pu être éradiquées dans les pays dotés d’un système de soins.
- Depuis le XIXe siècle, les maladies infectieuses reculent, à l'inverse des pathologies dégénératives ou chroniques telles que le diabète, l’asthme et les maladies cardiovasculaires. L’espérance et le confort de vie des personnes atteintes de ces maladies ont considérablement progressé grâce au système de soins et aux avancées de la médecine.