L'État-providence désigne :
- au sens large, l’ensemble des interventions économiques et sociales de l’État ;
- dans un sens plus restreint, uniquement l’intervention de l’État dans le domaine social, qui vise à assurer un niveau minimal de bien-être à la population, en particulier à travers le système de protection sociale.
Cette conception s’oppose à celle de "l’État-gendarme", qui limite le rôle de l’État à des fonctions régaliennes (du ressort exclusif de l’État : justice, police, défense nationale, diplomatie...).
L'expression aurait été employée pour la première fois en 1864 par le député Émile Ollivier. Il rejetait le développement de l’intervention de l’État, qu'il jugeait négatif et opposait aux solidarités traditionnelles (famille, communautés, corporations...). Mais les réflexions sur ce sujet ont évolué à la suite de la création :
- des premiers systèmes d’assurance sociale à la fin du XIXe siècle (ex : système de Bismarck en Allemagne) ;
- de la sécurité sociale en Grande-Bretagne (Welfare State), inspirée par le rapport Beveridge (publié en 1942) et influencée par les idées de l’économiste Keynes.
En France, la mise en place d’un État-providence développé s’est concrétisée par la création de la sécurité sociale (ordonnances du 4 et du 19 octobre 1945). Le système français de protection sociale conjugue aujourd'hui les dimensions d’assistance et d’assurance sociales, afin de garantir contre sept "risques" : santé, vieillesse, famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion sociale, dépendance.
Depuis la fin des années 1970, on parle de "crise de l’État-providence". Le ralentissement de la croissance, la montée du chômage et les difficultés de financement de la protection sociale remettent en cause son efficacité et son adaptation aux nouveaux besoins sociaux (exclusion, vieillissement démographique).