L’union économique et monétaire (UEM) souffre d’une faiblesse originelle : à l’unicité du pôle monétaire s’oppose la pluralité du pôle économique. Deux mesures ont tenté de doter la zone euro d'une sorte de gouvernance économique et d'une convergence renforcée :
- l'adoption en 1997 du Pacte de stabilité et de croissance (PSC) ;
- et la création de l’Eurogroupe.
L'Eurogroupe n’est qu’une réunion informelle des ministres des finances de la zone euro, sans institutionnalisation jusqu'au traité de Lisbonne. Il permet d’améliorer la coordination des politiques économiques mais pas d’adopter une politique économique commune, encore moins unique. Malgré l’élection d’un président stable depuis 2005 (Paschal Donohoe occupe ce poste depuis le 9 juillet 2020), cette instance n’est pas parvenue à incarner un véritable pouvoir politique face à la Banque centrale européenne (BCE).
Le PSC, qui avait pour objectif de maintenir les règles de Maastricht en termes de finances publiques une fois l’UEM entrée en vigueur, s’est révélé inefficace et a maintes fois été violé par les États. En outre, la Commission européenne a suspendu le pacte de stabilité et de croissance en mars 2020 pour faire face à la crise provoquée par le Covid-19. Cette suspension est prévue jusqu'à la fin 2021.
La zone euro n’est pas dotée de ce dont disposent toutes les zones monétaires : un budget. Aux États-Unis, par exemple, l’hétérogénéité économique des États fédérés est compensée par l’existence d’un gouvernement qui fait face à la FED (banque centrale américaine) et d’un budget fédéral redistributif. Ceci n’est absolument pas le cas de l’UE et de la zone euro.
La zone euro est dotée d’une monnaie et d’une politique monétaire pour 19 politiques économiques, 19 gouvernements et 19 budgets, ce qui la fragilise, indépendamment du contexte de crise. Le débat sur la nécessité d’installer un gouvernement économique occupe depuis plus de dix ans les cercles politiques et économiques en Europe. À la suite de la crise de l’euro qui sévit depuis 2010, le Président français Emmanuel Macron a formulé des propositions afin de renforcer la gouvernance de la zone en créant un budget spécifique de la zone euro, un parlement propre et un ministre de l’économie et des finances de l’euro. Mais nombre de ses partenaires européens, notamment les pays du Nord, s’y opposent.
Le plan de relance pour faire face à la crise sanitaire due au Covid-19, qui prévoit 750 milliards d’euros en plus du budget de 1074 milliards d’euros de l’Union européenne, va cependant dans le sens d’un budget plus important, permettant une redistribution plus ambitieuse.