Favoriser l’établissement d’une paix durable est la principale raison à l'origine de la construction européenne. Cet objectif est mis en avant par Robert Schuman, ministre français des affaires étrangères, dans sa déclaration du 9 mai 1950 qui lance le processus de construction d’une Europe communautaire : "La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. [...] L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre."
Les pays européens sortent dévastés et ruinés du second conflit mondial et ne peuvent espérer se relever sans une aide extérieure. Soucieux d’endiguer la poussée du communisme, les États-Unis proposent en 1947 une aide financière, le plan Marshall, à tous les pays européens. Ils doivent s’unir pour faire valoir leurs besoins. La construction d’une Europe unie apparaît donc comme un moyen pour les Européens de se reconstruire et de maintenir entre eux des relations pacifiques.
En octobre 2012, l’Union européenne a reçu le prix Nobel de la paix pour son œuvre de pacification des relations entre les pays du Vieux continent réalisée depuis 1950. La récompense vient couronner plus de 60 ans d’une entreprise inédite visant à développer un autre mode de relations interétatiques fondé sur le dialogue et l’intégration au sein d’un ensemble supranational.
Cette idée d’unifier l’Europe pour favoriser la paix existait depuis très longtemps déjà :
- à partir du XIVe siècle, des penseurs proposent des projets d’unification, comme Pierre Dubois en 1300 ;
- au fil des siècles, Machiavel, Sully, l’abbé de Saint-Pierre, Rousseau ou Kant émettent également des propositions ;
- en 1849, Victor Hugo plaide pour les "États-Unis d’Europe" ;
- en 1929, Aristide Briand, président du Conseil, évoque dans un discours devant la Société des nations (SDN) la création d’“une sorte de lien fédéral” entre les pays européens ;
- enfin, pendant la guerre de 1939-1945, certains résistants, comme Henri Frenay en France ou Altiero Spinelli en Italie, se prononcent en faveur d’une Europe unie.
Après les destructions de la Première Guerre mondiale et les nouvelles frontières issues des traités de 1919, la question du déclin de l’Europe et les problèmes économiques engendrés par un nombre trop important de frontières (taxes douanières), préoccupe les milieux européistes (Coudenhove-Kalergi, Briand...) et les économistes (Keynes, en particulier).
Cet impératif d’union devient plus prégnant après la Seconde Guerre mondiale dans le contexte de la guerre froide et de l’émergence de deux blocs à l’Est et à l’Ouest.
La création du marché commun en 1957 répond à la nécessité de mettre un terme au morcellement de l’Europe pour créer un grand espace économique intégré permettant de faire face à la concurrence des grands pays.