L'abstention est un comportement qui consiste à ne pas se rendre aux urnes lors d'une élection, tout en étant inscrit sur les listes électorales.
L'abstention n'a pas d'effet direct sur le calcul des suffrages exprimés. Néanmoins, la participation, ou non, au suffrage est un indicateur de l'implication des citoyens vis-à-vis des enjeux de l'élection. Lors des élections législatives de 2022, les députés ont été élus par 46,23% des inscrits (au second tour, le taux d'abstention atteint 53,77%). Dans 61 circonscriptions, l'élection a été emportée avec un nombre de voix inférieur à 20% des inscrits.
L'abstention peut être justifiée par des raisons personnelles : indifférence à telle élection, refus de départager les candidats, incapacité à se reconnaître dans les candidatures proposées, ou bien encore préoccupations personnelles qui éloignent des enjeux du scrutin.
Elle peut également être conjoncturelle, c'est-à-dire favorisée par un contexte particulier. Par exemple, les élections municipales de 2020, en pleine pandémie de Covid-19, ont enregistré un taux d'abstention de plus de 60% au second tour. De nombreux électeurs ont préféré ne pas se rendre aux urnes par peur d'être contaminés.
Le niveau de l’abstention est variable selon le type de scrutin. Aux élections municipales, l’abstention reste relativement contenue, en raison de l’importance que les citoyens accordent à la politique locale et à leur maire. À l'exception des élections 2020, le taux d’abstention aux élections municipales se maintient à 30% depuis les années 1990.
Lors des élections législatives, l'abstention a atteint des taux records ces dernières années. Aux seconds tours de 2017 et 2022, l’abstention s’est élevée à plus de 50%, soit 30 points de plus que dans les années 1970.
D’autres types de scrutins présentent des taux d’abstention traditionnellement élevés. L’abstention aux élections européennes s’élève en moyenne à 50% de l’électorat français depuis les années 1980.
L’élection présidentielle échappe à la désaffection. L’abstention y reste importante (de l’ordre de 20% en moyenne) mais elle reste nettement inférieure aux autres scrutins. Cependant, la volatilité électorale explique l’augmentation de l’abstention entre le premier et le second tour. Les électeurs, insatisfaits des résultats du premier tour, choisissent de s’abstenir au second.
L'évolution de l'abstention et son ancrage dans l'histoire politique du pays ont donné lieu à de nombreuses enquêtes et études sur les raisons structurelles de ce phénomène.
Outre les crises économique, sanitaire, sécuritaire ou climatique, qui ont renforcé le décalage entre le temps de la démocratie représentative et les attentes de la société, l'abstention peut être interprétée comme le signe d'un éloignement entre les citoyens et la classe politique :
- l'abstention peut être motivée par l'absence de visibilité sur les enjeux de l'élection. L'affaiblissement des partis traditionnels et l'émergence de mouvements visant à bousculer les anciens clivages contribuent à l'éparpillement de l'offre politique. La multiplication des sources d'information, la place grandissante des réseaux sociaux et l'autonomisation des luttes politiques favorisent la fragmentation de l'électorat ;
- l'abstention peut être une manière d'exprimer son mécontentement, voire un certain fatalisme, vis-à-vis du système politique. L'abstention peut ainsi être étudiée selon des critères sociologiques. Lorsque la participation électorale baisse, elle baisse davantage au sein des groupes déjà situés en marge du vote, en particulier les classes populaires. L'importance diffère aussi selon les générations. Aux élections législatives de 2022 plus de 80% des jeunes (entre 18 et 34 ans) se sont abstenus. Les mouvements tels que les gilets jaunes ou la marche pour le climat peuvent apparaître comme un moyen de faire de la politique autrement que par le vote.