Dès la Révolution française, Sieyès impose la notion de citoyen actif pour désigner les hommes ayant le droit de voter et d’être éligible. Le suffrage est censitaire et masculin. Les femmes font partie de la catégorie des citoyens passifs avec les enfants, les domestiques et toute personne ne pouvant s’acquitter du cens électoral.
Malgré l'appel de Condorcet, qui se prononce en faveur du suffrage féminin, les femmes sont officiellement exclues du droit de vote par l’Assemblée nationale le 22 décembre 1789.
En 1791, Olympe de Gouges publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, inspirée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Dans l’article 10, elle affirme que "la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune".
En 1804, le code napoléonien consacre l’incapacité juridique des femmes et les confine dans un état de minorité.
Après la Ligue française pour le droit des femmes, association pionnière dans la revendication du suffrage féminin, l’Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) est créée en 1909. Cette association regroupe des militantes républicaines, pour la plupart issues de la bourgeoisie ou des milieux intellectuels. Leurs revendications se limitent néanmoins au droit de vote et à l’éligibilité aux élections municipales.
Le 26 avril 1914, en marge des élections législatives, le grand quotidien Le Journal et différents mouvements suffragistes, inspirés des mouvements anglo-saxons, organisent un référendum "sauvage" destiné aux femmes, avec la question suivante : "Mesdames, Mesdemoiselles, désirez-vous voter un jour ?". 505 972 votes positifs sont recueillis contre 114 négatifs.
Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreuses femmes remplacent les hommes partis au front dans des secteurs d'activité qui ne leur étaient pas ouverts jusque là. Ces nouvelles responsabilités et l’accès à une certaine forme d’autonomie nourrissent un désir d’émancipation. Maurice Barrès dépose une proposition de loi en 1916 pour accorder le droit de vote aux veuves et mères de soldats tués à la guerre, au nom du "suffrage des morts".
Après la guerre, le suffrage est étendu aux femmes dans plusieurs pays européens, comme la Grande-Bretagne. La France s'y refuse, en partie sous l’influence des radicaux-socialistes qui voient dans le vote féminin un vote "clérical" dangereux pour la République.
En dépit de plusieurs propositions de loi dans les années 1930, le Sénat s’oppose à tout élargissement du droit de suffrage. Pourtant, les mouvements féministes continuent de se mobiliser, comme l’association "les femmes nouvelles" fondée en 1934. Sa présidente, Louise Weiss, se présente symboliquement aux élections municipales de Montmartre en 1935 puis aux législatives de 1936.
Néanmoins, lors du Front populaire, le Gouvernement de Léon Blum, constitué en juin 1936, comprend trois femmes, nommées sous-secrétaires d'État.
Si la question du suffrage féminin n’est pas abordée dans le programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944, la majorité des partis politiques à cette période considère que l’accès des femmes à la majorité politique fait partie des évolutions nécessaires. Seuls les radicaux-socialistes continuent de s’y opposer.
Le 18 mars 1944, le général de Gaulle, alors président du Comité français de libération nationale, déclare devant l’Assemblée consultative provisoire que "le régime nouveau doit comporter une représentation élue par tous les hommes et toutes les femmes de chez nous". Le 24 mars 1944, cette même assemblée adopte l’amendement Fernand Grenier qui instaure le droit de vote et d’éligibilité à toutes les femmes françaises.
Le 21 avril 1944, l’ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération dispose que "les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes" (article 17). Les premières élections auxquelles les femmes participent sont les municipales d’avril-mai 1945.
Rédigé et adopté en 1946, le préambule de la Constitution de la IVe République rappelle que "la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme".