Le taylorisme doit son nom à l’ingénieur américain F. W. Taylor (1856-1915) qui a mis au point une méthode d’organisation du travail dite scientifique. Taylor en présente les principes dans un ouvrage paru en 1911 intitulé "La direction scientifique des entreprises". Il y fait la critique de l’organisation traditionnelle du travail qui repose sur les métiers, plus précisément sur le savoir-faire d’ouvriers qualifiés, autonomes, responsables de leur temps et de la conduite de leur activité. Il propose de lui substituer une nouvelle organisation fondée sur une division technique du travail, c’est-à-dire organisée par postes.
L’objectif de l’organisation scientifique du travail (OST) est d’améliorer la productivité à travers un contrôle renforcé de l’activité des ouvriers. Taylor souhaite lutter contre la "flânerie" dans les ateliers et trouver la meilleure façon de produire (the one best way). Après un travail d’observation et d’analyse du travail ouvrier (gestes, rythmes, cadences...), il préconise d’adopter deux principes :
- une division horizontale du travail, c’est-à-dire une parcellisation maximale des tâches entre les différents postes de travail, où chaque ouvrier effectue quelques gestes élémentaires délimités et répétitifs ;
- une division verticale du travail, c’est-à-dire une séparation stricte entre le travail de conception et le travail d’exécution. Un bureau des méthodes dirigé par des experts en organisation est chargé de la préparation scientifique du travail.
La standardisation du travail des ouvriers (outils, machines, gestes, délais...) s’accompagne également d’une surveillance (chronométrage) qui permet d’instaurer un salaire directement lié au rendement (salaire aux pièces), afin d'inciter les travailleurs à augmenter leur productivité.
Les principes du taylorisme vont être adoptés progressivement au cours du XXe siècle, aux États-Unis, puis en Europe et ailleurs. La rationalisation du mode de production proposée par le taylorisme permet une augmentation de la productivité des entreprises. Les contraintes d’un travail parcellisé, déqualifié, ainsi que les cadences de production élevées rendent toutefois le travail des ouvriers particulièrement difficile. Si le volume de production augmente, l’objectif de qualité n’est pas automatiquement atteint et la répétition de tâches identiques peut entraîner des troubles de santé.
La nécessité de mieux intégrer la dimension sociale et humaine des salariés, la hausse des qualifications, la mécanisation et la robotisation du travail non qualifié ou encore la tertiarisation des activités conduisent à une remise en cause de l’utilité du taylorisme et à son recul comme mode d’organisation de la production.
Le taylorisme n’est plus considéré comme le modèle d’organisation à atteindre pour la plupart des entreprises, même si la logique de rationalisation au maximum de l’activité des employés est toujours d’actualité.