Selon la définition de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la désinflation est “la baisse de l’inflation (une baisse du taux d’accroissement du niveau moyen des prix)”. Le taux d’inflation baisse tout en restant strictement positif. Un manque d’inflation peut conduire à la déflation.
Il ne faut pas confondre la désinflation avec la déflation (ou inflation négative) qui est la baisse durable et entretenue du niveau des prix. La baisse des prix doit être durable pour parler de déflation, de l'ordre de plusieurs trimestres. La déflation est très néfaste, car les ménages font le pari de la baisse future des prix et reportent leurs achats, tandis que les entreprises réduisent leurs coûts pour compenser les effets de la baisse d'activité sur leurs marges. Les exemples liés à la déflation sont la Grande dépression des années 1930 aux États-Unis et le Japon dans les années 1990 et 2000.
Depuis l'an 2000 notamment, les économies des pays industrialisés connaissent trois facteurs de décélération tendancielle de l'inflation :
- l'atténuation des déterminants nationaux de l'inflation (moindre réactivité de l'inflation aux tensions du marché du travail) ;
- la globalisation des échanges et l'internationalisation des chaînes de valeur avec une baisse des coûts de production au niveau mondial ;
- la hausse de l'épargne (vieillissement des populations des pays industrialisés, épargne de précaution dans les pays émergents).
La désinflation peut être un objectif intermédiaire d'une politique économique qui aurait pour objectif final d'améliorer la compétitivité du pays (donc le commerce extérieur). Le ralentissement de la hausse des prix des produits nationaux améliore la compétitivité-prix des produits nationaux par rapport à l'étranger. Cela permet à la fois d'éviter des substitutions de produits étrangers aux produits nationaux et de doper les exportations.
L'effet pervers d'une politique de désinflation est que la politique monétaire nécessaire pour la mener à bien (politique de hausse des taux d'intérêt) réduit les capacités d'emprunt des ménages et des entreprises et conduit à la réduction de la demande globale et donc de la production.
La réussite d'une politique de désinflation compétitive requiert trois conditions :
- l'endettement doit être financé à un taux d'intérêt inférieur au taux de croissance de l'économie, afin d'éviter que l'effet "boule de neige" de la dette ne mette en péril la croissance ;
- la maîtrise de l'inflation (et du différentiel d'inflation à l'égard des partenaires commerciaux) ne doit pas avoir pour contrepartie une forte augmentation du chômage ;
- la désinflation ne doit pas mener à la déflation, situation dans laquelle les taux d'inflation deviennent négatifs.
Sans le respect de ces conditions, cette politique a des effets récessifs et peut causer la hausse du chômage. Plus les périodes de désinflation sont longues, plus la hausse du chômage risque d'être importante.
Fin d'une longue période de désinflation ?
Après une décennie de forte inflation durant les années 1970, le ''tournant de la rigueur” de 1983 en France marque le début de l'application d'une politique de désinflation compétitive. De 13,6% en 1980, le niveau d'inflation est passé à moins de 6% en 1985 et à moins de 3% en 1986 pour atteindre 0,5% en 1999, à la date de la mise en place de l'euro.
Depuis 2002, en France, l'inflation n'a dépassé l'objectif de 2%, fixé par la Banque centrale européenne (BCE) qu'à quatre reprises (2003, 2004, 2008 et 2011). Cette longue phase de désinflation, puis d'inflation basse a brusquement changé en 2022 avec une accélération du taux d'inflation au-delà de 6%.