La déflation est la baisse durable et auto entretenue du niveau des prix. Elle est mesurée par l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé. Si cet indice est négatif pendant plusieurs trimestres, on parle de déflation. La déflation ne doit pas être confondue avec la désinflation qui caractérise un ralentissement du taux d'inflation qui lui-même reste positif.
La déflation est un phénomène très rare. Elle ne s'est produite que dans les années 1930 aux États-Unis, puis en Europe, après le krach boursier de 1929 et à la fin des années 1990 au Japon après l'effondrement d'une bulle boursière et immobilière. Les deux cas ont deux facteurs en commun :
- ils se sont produits après un krach financier ;
- les autorités monétaires ont apporté des réponses non adaptées (voire contre productives : hausse des taux d'intérêt aux États-Unis) ou trop tardives (la Banque du Japon a baissé ses taux quand la déflation était déjà installée).
Dans les deux cas, une spirale négative s'est établie : baisse du prix des actifs, désendettement, report des investissements, nouvelle baisse des prix des actifs, baisse de l'activité.
Ces expériences ont servi de leçon. En 2008, lors de la grande crise financière, les autorités monétaires ont apporté les réponses adéquates – baisse rapide des taux d'intérêt et injection massive de liquidités – et ainsi pu éviter que les pays basculent en déflation.
Il existe un cas particulier : la déflation sectorielle. Elle se produit si la baisse des prix fait suite au progrès technique entraînant des gains de productivité ou une baisse des coûts de production. Cette baisse ne concerne que quelques produits (par exemple les téléphones portables) et ne se traduit pas par une baisse générale du taux d'inflation.
À première vue, la déflation paraît séduisante : les prix baissent, ménages et entreprises profitent d'un gain de pouvoir d'achat qui pourrait être bénéfique à l'activité. En réalité, la déflation est doublement néfaste à l'économie :
- Les ménages et les entreprises s'installent dans un attentisme général. Ils reportent leurs décisions d'achat, parce qu'ils attendent des prix encore plus bas. La monnaie est thésaurisée, la consommation chute, les stocks des entreprises augmentent, les investissements et la production baissent, les salaires tout comme les embauchent reculent et le chômage progresse. Puis la consommation et l'activité baissent encore davantage : un cercle vicieux s'installe.
- La déflation est très pénalisante pour les ménages et entreprises qui doivent rembourser un prêt : leurs remboursements étant rarement indexés sur l'inflation, le coût réel de chaque remboursement augmente avec la baisse des prix, ce qui réduit la capacité d'investissement et de consommation.
Le défi est de briser ce système d'anticipations autoréalisatrices.
Lors de la crise de l'euro, la zone euro a frôlé la déflation. Entre 2012 et janvier 2016, le taux d'inflation s'est approché dangereusement de 0, à de brefs moments il est même devenu négatif. La Banque centrale européenne (BCE) a rapidement réagi : elle a fortement réduit ses taux d'intérêt et lancé un vaste programme de rachat d'actifs, afin d'inciter les établissements de crédit à distribuer des crédits à très faible coût. L'installation d'une spirale déflationniste a ainsi pu être évitée, car les anticipations d'inflation sont restées ancrées en territoire positif. La BCE a été aidée par le fait que l'inflation sous-jacente (celle qui se réalise en l'absence de perturbations exogènes non liées au cycle économique) est restée positive pendant la crise de l'euro.