La dévaluation est la diminution du cours officiel d’une monnaie par rapport à d’autres devises ou à une référence en or ou en argent. Il s’agit de la décision d’une institution officielle. En ce sens, elle se distingue de la dépréciation, qui est la baisse du cours d’une monnaie sur le marché des changes, et qui est donc la conséquence de l’offre et de la demande. La dévaluation n’est possible que dans un régime de change fixe, c’est-à-dire lorsqu’un agent public, l’État ou la banque centrale, fixe le cours de la monnaie. Par exemple, le cours de l’euro est actuellement défini par les marchés internationaux. La Banque centrale européenne ne peut pas décider d’une dévaluation ou de son opposé, la réévaluation.
Une banque centrale peut être forcée de dévaluer sa monnaie quand elle n’a plus la capacité de défendre le cours qu’elle a déterminé face aux marchés. Dans ce cas, la banque centrale doit augmenter la demande pour sa monnaie afin de faire remonter le cours vers sa cible. Pour ce faire, elle achète la monnaie nationale avec des devises étrangères. Toutefois, elle ne peut pas le faire indéfiniment puisque ses réserves de monnaies étrangères sont finies. La banque centrale peut donc devoir baisser le cours officiel de sa monnaie pour qu’il reflète les échanges sur le marché.
Le saviez-vous ?
Au Moyen-Âge, les dévaluations correspondent à la diminution de la teneur en métal des pièces de monnaie, tout en maintenant leur valeur nominale. Le déploiement des billets s’accompagne de celui de l’étalon-or, qui permet d’échanger les billets contre une quantité d’or. La dévaluation consiste dans ce cas à diminuer la quantité d’or obtenue contre une même valeur nominale de billets. Jusqu’aux années 30, les monnaies européennes sont toutes reliées par l’or. Dans le système de Bretton-Woods (1944-1971), les pays occidentaux fixaient la parité de leur monnaie avec le dollar. La dévaluation consistait donc à diminuer la quantité de dollars qui peut être achetée avec une même quantité de monnaie nationale.
L'autorité régulatrice de la monnaie peut décider volontairement de dévaluer car la dévaluation modifie la situation économique de plusieurs façons :
- augmentation du prix des importations. La monnaie nationale ne permettant plus d’acheter autant de devises étrangères, les importations sont plus onéreuses pour les agents nationaux, ce qui accélère l’inflation. À court terme, la dévaluation a un effet négatif sur la production et le pouvoir d’achat. À plus long terme, ménages et entreprises s’adaptent aux changements de prix et remplacent, si possible, une partie des importations par des productions nationales, qui sont devenues comparativement moins chères. Cet effet n’est que peu opérant pour des produits difficilement substituables, tels que le pétrole ou le gaz. Il y a donc un risque de baisse de bien-être collectif.
- baisse du prix des exportations, et donc hausse de la compétitivité. Pour les acheteurs étrangers, les produits du pays qui a dévalué deviennent comparativement moins chers. La dévaluation permet donc de gagner des parts de marché à l’exportation sans avoir besoin d’améliorer la productivité.
Théoriquement, l’augmentation de la production nécessaire pour satisfaire la hausse de la demande étrangère peut entraîner une augmentation de l’emploi. Combinée à l’inflation causée par la hausse du prix des importations, cela peut conduire à une hausse des salaires, qui réduit la compétitivité des entreprises à l’export et tend à atténuer sur le long terme les effets de la dévaluation.
Les effets d’une dévaluation sont difficiles à prévoir car elle engendre de multiples effets contradictoires. Ils sont souvent peu pérennes et peuvent retarder d’autres efforts d’amélioration de la compétitivité (investissement, innovation). Les autres pays peuvent répondre par une dévaluation de leur propre monnaie, ce qui annule les effets de la première dévaluation.