Les vrais monopoles sont plutôt rares. Dans la plupart des cas, les consommateurs peuvent passer à des substituts. Avant l'ouverture du transport ferroviaire à la concurrence, la SNCF disposait certes d'un monopole, mais celui-ci était concurrencé par d'autres modes de transport comme la route ou l'avion. La détention par une seule entreprise d'une ressource naturelle rare ou l'implantation dans une zone géographique isolée créent des situations de monopole local.
Les entreprises en situation de monopole ont toujours un pouvoir de marché élevé et ont tendance à maximiser leur profit. Leur incitation à l'innovation est faible ce qui pèse à terme sur la qualité de leur produit ou service.
La plupart des monopoles s'expliquent par l'existence de "barrières à l'entrée", ce qui signifie qu'il est très difficile, voire impossible, pour d'autres entreprises de pénétrer le marché. Les barrières à l'entrée peuvent être de plusieurs types :
- l'existence de coûts fixes importants compte tenu de la taille du marché (infrastructures coûteuses comme autrefois dans les télécommunications, coûts de recherche et développement très élevés comme dans le nucléaire) ;
- l'existence d'économies d'échelle dans certains secteurs d'activité à rendements croissants qui ne permettent pas à des entreprises de petite taille d'être rentables (électricité, gaz, eau potable, etc.) ;
- l'État ou une collectivité peuvent être à l'origine d'un monopole légal afin de poursuivre temporairement certains objectifs stratégiques (aéronautique, spatial, armement) ou d'aménagement du territoire, pour garantir un service public (distribution du courrier), pour imposer sa gratuité ou pour protéger temporairement certaines firmes innovatrices ;
- à travers des produits dérivés exclusifs : c'est par exemple le cas dans le numérique si un fabricant de téléphones portables restreint la concurrence en limitant le paiement sans contact à son propre système préinstallé, empêchant ainsi les services tiers d'accéder à ses appareils.
Le monopole naturel, un cas particulier
On parle de monopole naturel quand – en présence de coûts fixes importants – les rendements d'échelle sont croissants, c'est-à-dire le coût moyen de production ne cesse de baisser avec l'augmentation de la quantité offerte. C'est le cas des industries de télécommunications ou des chemins de fer : après l'installation des coûteuses infrastructures, la rentabilité augmente avec chaque unité vendue. Le coût marginal (le coût d'une unité supplémentaire) est ainsi toujours inférieur au coût moyen – les profits du monopoleur ne cessent d'augmenter.
Une entreprise qui est seule sur un marché peut fixer le prix qu'elle souhaite. Ce prix est supérieur au prix qui serait pratiqué sur un marché concurrentiel et représente pour le consommateur une perte de bien-être. La courbe de demande du consommateur permet à l'entreprise d'optimiser ses choix pour un même niveau de profit (un volume important de produits vendus à un prix faible ou une petite quantité vendue à un prix élevé). Mais le prix ne peut pas augmenter sans limite. Si le prix devient exorbitant, le consommateur peut réduire, voire cesser l'achat, c'est le risque du monopoleur.
On parle de monopole bilatéral lorsque le seul vendeur est face à un seul acheteur. Quand quelques vendeurs se partagent un marché face à de nombreux acheteurs, on parle d'oligopole. Pour éviter une concurrence néfaste entre eux, les vendeurs cherchent généralement à s'entendre – on parle d'entente ou de cartel, qui sont des pratiques interdites.
Si la concurrence reste vive et les clients suffisamment flexibles, le risque de monopole est faible. Au cas contraire, les autorités de concurrence peuvent agir. Leur politique de concurrence vise toutes les pratiques pouvant pénaliser les consommateurs, celles des monopoleurs, mais également tout non-respect de l'équité entre les acteurs. Dans le cas d'un monopole naturel, on peut opérer une distinction entre l'infrastructure (qui est un monopole) et les firmes qui l'utilisent. Les monopoles ne sont donc pas illégaux, mais peuvent être contraints ou, dans certains cas, démantelés par les pouvoirs publics.