Les agences de notation (en anglais CRA, Credit Rating Agency) sont des entreprises privées dont l’activité principale consiste à évaluer la capacité des émetteurs de dette (entreprises, États, collectivités locales) à faire face à leurs engagements financiers. Elles existent, car le risque a un prix, la prime de risque, qui se rajoute aux intérêts d’une créance. Le rôle de ces agences est d'évaluer cette prime de risque.
L’apparition des premières agences de notation remonte aux années 1920. Leur activité de vente d’informations financières diffère peu de celle des analystes financiers. À partir de la crise de 1929, les agences se focalisent sur l’analyse de la qualité du crédit des émetteurs ou des emprunteurs. Les trois principales agences sont Moody’s Investor Service (Moody’s), Fitch Ratings (Fitch) et Standard & Poor’s (S&P).
Différents scandales financiers (affaire Enron en 2001, crise financière de 2007-2008 qui touche le secteur des prêts hypothécaires aux États-Unis, dite crise des subprimes) ont souligné l’existence de risques liés au rôle des agences de notation au sein du système financier.
La notation de crédit (ou credit rating) se définit comme l’activité de publication d’une évaluation du risque de défaut d’un emprunteur. L’agence évalue si l’emprunteur est solvable et pourra rembourser ou non sa dette. Pour mesurer le risque de non-remboursement des dettes que présente l’emprunteur, elles construisent des scénarios financiers prévisionnels incluant la structure future des coûts et des revenus de l'emprunteur. Il ne faut pas les confondre avec les acteurs qui vérifient et certifient les comptes des entreprises, les cabinets d’audit.
Parmi les critères retenus pour évaluer le risque financier figurent la rentabilité financière globale, la rentabilité des capitaux investis, le niveau d’endettement, la flexibilité financière et la liquidité. Plus récemment interviennent des critères non quantitatifs comme la gouvernance, la responsabilité sociale de l’entreprise ou sa stratégie.
Les trois grandes agences de notations sont d'origine anglo-saxonne et sont ancrées dans cette culture. Ce positionnement se justifie par la taille et l'inportance des marchés de capitaux anglo-saxons, mais il peut rendre parfois plus difficle la prise en compte de particularités régionales. C'est le cas par exemple des engagements d'entreprises relatifs à la retraite de leurs salariés : la compatabilité anglo-saxonne les assimile à des prêts ou obligations, ce qui peut paraître un peu trop restricitf.
Les agences de notation apportent et diffusent l’information financière pour les besoins du marché et des investisseurs. Les agences sont dépendantes de l’information fournie par les émetteurs.
La notation obtenue est déterminante dans le cas d’une entreprise cherchant un financement ou émettant des obligations sur le marché. Plus la note sera élevée et plus l’entreprise trouvera des fonds bon marché à des taux d’intérêt faibles. La note peut varier tout au long de la vie des obligations ; elle n’est que l’estimation du risque de solvabilité à un instant donné et mesuré de manière statistique.
Les titres émis par les États sont recherchés par les investisseurs car ils sont réputés à risque quasi nul. La meilleure note possible étant le triple A. La note de la France, par exemple, a été abaissée à "AA-" par Fitsch en avril 2023 tandis que Standard and Poor’s l'a maintenue à "AA" en juin 2023.
Ces critiques sont de trois ordres :
- la crise des subprimes de 2007-2008 a dévoilé des conflits d’intérêts de certains employés des agences impliqués dans les relations commerciales des émetteurs concernés par le processus d’analyse. En outre, les revenus des agences de notation proviennent - depuis les années 1970 - essentiellement des émetteurs de dette obligataire (principe de l’émetteur-payeur) ;
- chaque agence tenant à conserver son marché, les méthodes de notation et la part consacrée à chaque indicateur retenu ne sont que peu communiquées. En raison de l’opacité des méthodes de notation et du moment choisi pour annoncer une note ou sa modification, les agences de notation ont été accusées d’avoir précipité la crise de la dette publique grecque et de la zone euro entre 2009 et 2011 ;
- la pertinence des notations des agences en matière d’évaluation du risque souverain est également sujette à interrogation. Les agences se sont vues reprocher de n’avoir pas su anticiper les dégradations brutales de la solvabilité des emprunteurs (crise asiatique de 1997-1998, entreprise Enron en 2001, crise des subprimes en 2007-2008);
- les trois grandes agences - Moodys, Fitch et S&P - bénéficient d'une position dominante avec une part de marché de plus de 90%. En novembre 2023, la BCE a décidé d'agréer Scope Ratings, une agence de notation européenne dont le siège est à Berlin. L'arrivée du nouvel acteur peut rendre ce marché plus dynamique.
Après la crise de 2008, l'Union européenne a cherché à encadrer l'action des agences de notation. Un règlement adopté en 2010 prévoit une meilleure surveillance dont est chargée l’Autorité européenne des marchés financiers. Désormais, les agences doivent être enregistrées dans les pays où elles opèrent. Elles doivent aussi être plus transparentes (rendre publics les modèles, les méthodes et les principales hypothèses sur lesquelles elles fondent leurs notations).