Image principale 1
Image principale 1
© saksit - stock.adobe.com

Productivité : un décrochage en France important par rapport à la zone euro

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Une productivité effective du travail en baisse de 8,5% depuis 2019 : la France n'arrive pas à retrouver sa trajectoire pré-Covid. Mais, selon la Banque de France, la cause est en partie rassurante, elle reflète une orientation des politiques publiques en faveur de l'emploi.

La productivité par tête en France, après une forte baisse pendant les deux premiers confinements, peine durablement à retrouver sa vigueur d'avant la crise sanitaire du Covid-19. Elle reste inférieure de 8,5% par rapport à la tendance pré-Covid selon le bulletin de la Banque de France publié le 22 mars 2024. Pour sa part, la zone euro ne décroche que de 2,4% au deuxième trimestre 2023 par rapport à la période pré-Covid.
 

Quelles sont les raisons de ce décrochage ?

Entre le dernier trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2023, la France enregistre une nette baisse (-5,2%) de sa productivité apparente du travail (rapport entre la richesse créée et le volume de travail employé dans le processus de production). Cette baisse est même à -8,5% si on compare l'évolution de la productivité effectivement constatée (elle englobe les autres ressources) avec celle qu'elle aurait dû atteindre si elle avait continué à croître au rythme d'avant la crise Covid. 

Pour identifier les raisons derrière cette sous-performance, la Banque de France distingue des pertes durables et des facteurs temporaires. Ils expliquent, selon elle, plus de la moitié du décrochage :

  • le recours massif à l'apprentissage (les apprentis sont considérés comme des travailleurs à temps-plein mais sont moins productifs que les salariés déjà en poste) ;
  • un effet de composition de la main-d'œuvre (une part plus forte de l'emploi moins qualifié) ;
  • la rétention de main-d'œuvre dans certains secteurs (surtout dans ceux confrontés à une baisse transitoire de leur activité).

Une croissance plus riche en emploi

L'orientation des politiques publiques de ces dernières années a été en faveur de l'emploi (aides pendant la crise Covid, développement de l'apprentissage, réformes du marché du travail et de l'assurance chômage). L'emploi devient plus inclusif, des personnes auparavant plus éloignées du travail retrouvent un emploi. En d'autres termes,  le contenu de la croissance en emploi s'enrichit mais pèse sur la productivité. 

Si la note de la Banque de France confirme ce constat, elle conclut également qu'une large partie du décrochage de la productivité française reste pour l'instant inexpliquée. Il peut refléter un essoufflement du progrès technique. Cette question reste ouverte et très discutée parmi les économistes. La note avance d'autres pistes : 

  • le nombre historiquement faible des défaillances d'entreprises durant la crise Covid aurait freiné les réallocations des ressources vers les entreprises plus productives ;
  • les gains de marché des entreprises plus intensives en main-d'œuvre par rapport à celles plus intensives en biens intermédiaires ;
  • l'augmentation du nombre d'emploi non-salariés à faible durée du travail (ubérisation).

Plus précisément pour l'industrie manufacturière, la Banque de France avance les facteurs suivants :

  • des problèmes de recrutement et un manque de compétences ;
  • l'insuffisance des capacités financières pour les investissements dans des équipements plus performants.