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© Amaury Cornu - Hans Lucas/AFP

Productivité en baisse : quelles en sont les causes ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

L'évolution récente de la productivité française inquiète. Elle est moins performante, comparée à certains pays voisins. Baisse de l'activité et hausse de l'emploi expliquent mécaniquement cet effet. S'y ajoute une spécificité par rapport aux principaux partenaires commerciaux : l'essor de l'emploi en alternance.

La plupart des pays avancés connaissent un ralentissement marqué de la productivité : elle est passée d'une croissance annuelle de 3-5% à 1% aujourd'hui. Pour mieux comprendre les enjeux à l'œuvre, la France s'est dotée, sur recommandation du Conseil de l'Union européenne, en 2018 d'un Conseil national de productivité (CNP). Son quatrième rapport fait le point sur les dernières évolutions en matière de productivité du travail, l‘impact sur la productivité de l'optimisation fiscale des multinationales et de l'action pour le climat.

La baisse de la productivité sur le long terme a plusieurs causes : ralentissement de la hausse du stock de capital humain et du temps de travail, impact de la crise sanitaire Covid.

Une hausse de l'emploi plus rapide que celle de l'activité

Le taux d'emploi a progressé de 1,5 point entre fin 2019 et fin 2022. Sur la même période, la croissance de l'activité économique (le PIB) a été plus faible. Le résultat mécanique est une baisse de la productivité par tête et par heure travaillée. Elle semble particulièrement prononcée en France.

Sur la période récente, la France se distingue de tous ces voisins par la forte hausse du nombre d'entrées en apprentissage (305 000 en 2017, 830 000 en 2022). Les alternants, bien qu'étant en études une partie du temps, sont comptabilisés comme des salariés à temps complet. Étant moins expérimentés, leur productivité est souvent inférieure à celle des autres salariés, ce qui peut expliquer une bonne partie de la baisse de la productivité française. Cet effet conjoncturel négatif a de fortes chances d'être positif à plus long terme grâce à l'accumulation des expériences des apprentis.

D'autres facteurs ont également affecté la productivité : la rétention de main-d'œuvre dans certains secteurs, notamment dans l'industrie, tout comme l'augmentation des prix de l'énergie. Quant à l'effet du télétravail sur la productivité, il est ambigu et dépend des conditions de sa mise en place.

Délocalisations et action pour le climat : la fiscalité compte

La France est particulièrement touchée par la désindustrialisation avec des conséquences négatives sur la productivité et l'accumulation du capital humain. Elle est aussi un pays dont les multinationales du secteur industriel sont parmi celles qui ont le plus d'emplois salariés à l'étranger. Pour 100 salariés sur le territoire national, les multinationales françaises comptent presque deux fois plus d'emploi à l'étranger que leurs homologues allemands.

Le CNP a pour cela étudié l'impact sur la productivité de l'optimisation fiscale des multinationales en France et des délocalisations induites : il est négatif. Le CNP explique cet effet par le transfert des bénéfices et non pas par une baisse effective de la productivité. La variable fiscale est donc un élément à prendre en compte si on veut rapatrier certaines activités en France, tout comme pour limiter les effets d'une taxation verte trop forte.