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Illettrisme : pour une meilleure détection au cours de la scolarité

Temps de lecture  4 minutes

Par : La Rédaction

L'illettrisme est un phénomène social de mieux en mieux connu. Pourtant, sa détection et sa prise en charge restent peu efficaces à l'échelon individuel. Un rapport d'inspection recommande, pour l'Éducation nationale et ses partenaires, des actions pour mieux détecter les situations à risque et y répondre par la pédagogie.

La mission prospective sur l’illettrisme menée par l'Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche constate dans son rapport du 18 mai 2022 que l’illettrisme concerne toujours une proportion importante de la population. Dans ce rapport, l'illettrisme est entendu comme "la situation de personnes de plus de seize ans qui, bien qu’ayant été scolarisées, ne parviennent pas à lire et comprendre un texte portant sur des situations de leur vie quotidienne, et/ou ne parviennent pas à écrire pour transmettre des informations simples".

Illettrisme : une réalité contrastée

L’enquête information et vie quotidienne (IVQ) conduite en 2012 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révélait que 7% de la population était touchée par l’illettrisme, contre 3,6% en 1945. Les évaluations menées en 2020 dans le cadre de la Journée défense citoyenneté dévoilent que 4,6% des jeunes (de 16 à 25 ans) peuvent être considérés en situation d’illettrisme. Ces chiffres sont corroborés par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui estime que 21% des élèves français ont un bas niveau dans ce domaine.

Par ailleurs, le niveau de l’illettrisme est hétérogène selon les régions ou zones de vie :

  • certains départements sont particulièrement touchés. Les données issues des JDC organisées en 2020 font état de difficultés de lecture pour 11,9% des jeunes de Seine-Saint-Denis. Outre-mer, les jeunes qui ont une compréhension très faible en lecture sont 46,6% en Guyane et 71,1% à Mayotte contre 9,5% en moyenne sur l’ensemble du territoire ;
  • l’enquête IVQ montre que 50% des personnes en situation d’illettrisme vivent dans des zones faiblement peuplées. Dans les quartiers relevant de la politique de la ville, le taux d’illettrisme est deux fois plus important que le taux moyen.

Détecter et prendre en charge l'illettrisme

Pour expliquer ce constat, le rapport met en évidence des dysfonctionnements tant au niveau de la politique nationale de lutte contre l’illettrisme qu’au niveau du suivi des élèves à l’école :

  • la lutte contre l’illettrisme est principalement représentée par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) créée en 2001. Si son action comme centre de ressources est reconnue, son champ d’action se limite aux adultes ;
  • à l’école, de la maternelle au lycée, la fragilisation progressive des élèves en lien avec une difficulté d'apprentissage, entraîne une relégation scolaire. Les élèves en difficulté sur la compréhension de l’écrit ou en lecture sont majoritairement dirigés vers les lycées professionnels.

Le rapport pointe un paradoxe : le phénomène de l'illettrisme est de mieux en mieux connu (notamment par les statistiques à l'issue des JDC) mais sa détection au niveau individuel est relativement inopérante. "De la maternelle - voire avant - jusqu'en 3e, des alertes sont ignorées, des seuils mal négociés, des apprentissages essentiels manqués, creusant d'année en année des écarts devenus irréversibles".

Il s'agit donc d'adopter des "mesures-réflexes" pour réagir au plus près des élèves. Pour cela, le rapport recommande notamment :

  • de renforcer la formation des enseignants ;
  • de détecter et alerter au plus tôt, y compris au stade préscolaire, sur les difficultés rencontrées par les enfants. La détection doit être immédiatement suivie de "gestes pédagogiques" adaptés.