1. Première question Stéphanie : Qu’est-ce que le Grand Paris ?
En résumé Patrice, le Grand Paris, c’est un projet imaginé à la fin des années 2000 dont l’enjeu est de transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole mondiale du XXIe siècle, ce qu’on appelle une ville-monde, à l’image de Londres, Tokyo ou New York.
Parmi les principaux objectifs du Grand Paris, mentionnons l’amélioration du cadre de vie des habitants de cette très grande métropole, la réduction des inégalités entre les territoires – vous avez dans l’agglomération parisienne, des ilots de pauvreté et des zones où la richesse est particulièrement concentrée – et enfin un objectif extrêmement ambitieux : bâtir une ville durable, c’est-à-dire respectueuse de l’environnement, peu énergivore, où les moyens de transport doux sont très développés.
L’enjeu est tellement important pour la société et l’économie françaises – il s’agit de la capitale du pays – qu’un secrétariat d’État a spécialement créé en 2008 : le secrétariat chargé du développement de la région capitale.
2. Avant cela, si je ne me trompe pas dès le XIXe siècle il y a déjà des projets de création d’un Grand Paris ?
En effet Patrice, dès le XIXe siècle, Napoléon III a eu le projet d’agrandir la capitale. A l’époque, il souhaitait y incorporer des communes voisines de paris comme Auteuil, Passy, les Batignolles – qui aujourd’hui sont des quartiers de la ville. Il avait même pour ambition d’étendre la capitale d’ouest en est, de Saint-Germain-en-Laye jusqu’à Marne-la-Vallée (là où est situé aujourd’hui le parc Disneyland Paris) : c’est-à-dire environ 30 km vers l’ouest et 30 km vers l’est. Son idée était déjà de faire de Paris une grande métropole moderne en mesure de rivaliser avec Londres.
Ensuite, au début du XXe siècle, l’ambition s’est réduite à l’idée de regrouper administrativement Paris et sa proche banlieue dans le but d’aboutir à une meilleure cohérence des réseaux de transports et à une amélioration de l’habitat en particulier des couches populaires.
3. Est-ce qu’avec l’ancien département de la Seine, créé en 1790 et supprimé en 1968, qui rassemblait les 20 arrondissements de Paris plus les 80 communes limitrophes des départements actuels des Hauts-de-Seine, de la Seine-St-Denis et du Val-de-Marne, on n’avait pas déjà une forme de Grand Paris ?
Oui, c’est vrai. Mais une réforme territoriale visant à réorganiser la région parisienne, voulue par le Général de Gaulle, a abouti au démembrement de ce Grand Paris. Mais à l’époque la majorité des élus du territoire étaient hostiles à cette réforme car ils estimaient que l’organisation d’un Grand Paris était pertinente et avait fait ses preuves.
4. Comment concrètement le projet d’un Grand Paris est-il relancé à la fin des années 2000 ?
Une grande consultation architecturale, internationale, est lancée en 2007, l’objectif étant d’imaginer ce que pourrait être le Grand Paris sur le plan urbanistique et paysager, à l’horizon de vingt, trente voire quarante ans.
Des équipes pluridisciplinaires qui réunissent des sociologues, des paysagistes, des économistes, des géographes, etc. sont constituées sous la houlette d’architectes parmi lesquels des Français très connus comme Jean Nouvel ou Roland Castro.
Du côté du Secrétariat d’État chargé du Développement de la région capitale, des propositions ont été avancées notamment la création de pôles économiques majeurs autour de Paris, ainsi que la création d'un Réseau de transport public du Grand Paris baptisé « Le Grand Paris Express » : c’est-à-dire la construction de 200 kms de nouvelles lignes de métro automatique autour de la capitale comprenant 68 gares permettant de connecter les territoires périphériques entre eux sans passer par Paris. Ce Grand Paris Express doit également relier les grands pôles économiques de la région capitale aux aéroports, aux gares TGV et au centre de Paris.
Et ce projet contribue également à la modernisation du fameux RER que connaissent très bien les Parisiens (réseau express régional) et au prolongement de certaines lignes de métro.
5. Le Grand Paris, Stéphanie c’est aussi des projets d’aménagement et de grandes opérations d’urbanisme, n’est-ce pas ?
Il est prévu par exemple de construire chaque année 70 000 logements sur une période de 25 ans, dont 30 % de logements sociaux.
Ces logements neufs se concentrent aux abords des futures gares du Grand Paris Express, dans le but de désengorger la Ville de Paris. De nombreux quartiers verront le jour le long de ce réseau de transport, mêlant logements, commerces, bureaux et équipements culturels.
Dans le domaine économique, le projet s’accompagne également de la création de ce qu’on appelle un cluster industriel et scientifique (c’est-à-dire un réseau dense mêlant entreprises, laboratoires de recherche, universités etc.) autour du plateau de Saclay, situé au sud de Paris, ce cluster concerne environ 50 communes de l’Essonne et des Yvelines.
6. Le Grand Paris Express est un méga chantier, quel en est exactement le coût ?
On parle de la « facture du siècle » !
Les estimations initiales de dépenses de la Société du Grand Paris établissaient un budget d’environ 25,5 milliards d’euros en mars 2013. Depuis cette date, les estimations ont été fortement réévaluées puisqu’elles atteignaient en juillet 2017, 38,5 milliards d’euros, soit une hausse de 13 milliards d’euros. Un rapport de la Cour des Comptes de 2018 a tiré la sonnette d’alarme sur ce dérapage budgétaire. Ce qui a conduit le Premier ministre à demander des mesures substantielles d’économie à la SGP. Ces économies passeraient nécessairement par une révision du tracé de certaines lignes. Cela a suscité l’inquiétude d’élus locaux qui ne souhaitent pas voir le projet se transformer en un Grand Paris Express au rabais.
7. À quelle date le Grand Paris Express doit-il entrer en service ?
L’ouverture des premières lignes commencera en 2024 – pourquoi ? Parce que c’est l’année d’organisation des Jeux olympiques de Paris, l’idée étant de relier l’aéroport d’Orly à Saint-Denis Pleyel où sera installé le village olympique.
Et 2030, c’est l’année à laquelle le Grand Paris devrait être achevé et à laquelle les Franciliens pourront se déplacer de banlieue à banlieue sans avoir à transiter par le centre de Paris.
Mais attention le projet accuse déjà des retards de calendrier notamment sur les délais de livraison initiaux de certaines lignes !
8. En fait, le Grand Paris Stéphanie n’est-ce pas une intercommunalité à très grande échelle ?
En effet Patrice ! La métropole du Grand Paris, officiellement née le 1er janvier 2016 est une intercommunalité. Il s’agit de la métropole la plus importante de France puisqu’elle regroupe plus de 7 millions d’habitants. Elle est particulière vu sa taille : elle organisée en douze territoires d’au moins 300 000 habitants et s’étend sur 814 km2, ce qui correspond à 8 fois la superficie de la Ville de Paris intramuros.
Elle rassemble :
- les 123 communes des départements de la Petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne)
- les 7 communes de la Grande couronne (6 de l’Essonne et 1 du Val-d’Oise)
- la Ville de Paris
La métropole du Grand Paris, c’est un EPCI (établissement public de coopération intercommunale) à fiscalité propre mais à statut particulier.
9. Comment cette métropole du Grand Paris est-elle administrée ?
La Métropole du Grand Paris est gouvernée par un Conseil métropolitain de 209 élus avec au moins un représentant par commune. Ce sont ces conseillers métropolitains qui élisent le président de la Métropole du Grand Paris.
La métropole du Grand Paris est organisée en 12 territoires qui ont un statut d’établissement public territorial (EPT) et qui se sont substitués aux anciennes intercommunalités existantes (communautés d’agglomération et de communes). Ces territoires sont gouvernés par un Conseil de territoire composé de 72 à 92 membres issus des conseils municipaux.
En termes de compétences, la Métropole du Grand Paris élabore les politiques publiques en matière de :
- politique locale de l’habitat
- protection et mise en valeur de l’environnement et la politique du cadre de vie
- l’aménagement de l’espace métropolitain
- développement et d’aménagement économique, social et culturel