Image principale 1
Image principale 1
© OceanProd - stock.adobe.com

Loi du 21 mars 2024 renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux

Temps de lecture  7 minutes

Face à la hausse inquiétante des violences contre les élus, en particulier des maires (menaces, injures, agressions, harcèlement...), la loi entend mieux les protéger et mieux les accompagner en tant que victimes.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    26 mai 2023

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    14 mars 2024

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    21 mars 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter

La loi a été promulguée le 21 mars 2024. Elle a été publiée au Journal officiel du 22 mars 2024.

Selon le ministère de l’intérieur, près de 2 265 plaintes ou signalements pour des faits de violence verbale ou physique à l’encontre des élus ont été recensés en 2022, soit une hausse de 32% par rapport à 2021. L'année 2023 est marquée par des chiffres encore plus inquiétants puisque pour les trois premiers trimestres, on dénombre 2 387 faits, dont certains d'une grande violence (atteintes au domicile). 

Dans 60% des cas, les élus concernés par ces agressions sont des maires, élus les plus proches de la population mais aussi les plus vulnérables. Dans 20% des cas, ce sont les autres conseillers municipaux qui sont victimes de violences. 

Dans le cadre de la 5e enquête du Cevipof sur les maires de France, réalisée pour l’Association des maires de France (AMF), publiée en novembre 2023, 69% des maires interrogés ont déclaré avoir déjà été victimes d’incivilités (+ 16 points par rapport à 2020), 39% avoir subi injures et insultes (+ 10 points), 41% avoir fait l’objet de menaces verbales ou écrites (+ 13 points), 27% avoir été attaqués sur les réseaux sociaux (+ 7 points) et 7% avoir subi des violences physiques (+ 2 points).

Devant ce constat, la loi contient une série de mesures, qui ont été complétées par les sénateurs et les députés. Ces mesures sont la traduction dans la loi d'une partie du plan national de prévention et de lutte contre les violences aux élus, présenté par le gouvernement en juillet 2023.

Sanctions aggravées en cas d’agressions contre des élus

Le texte aligne les peines encourues pour violences contre des élus locaux ou nationaux ou leurs proches sur celles qui visent les violences volontaires sur agents des forces de sécurité. Pour ce délit spécifique, créé par la loi "responsabilité pénale et sécurité intérieure" du 24 janvier 2022, les peines maximales sont de 7 ou 10 ans de prison dans les cas les plus graves. Ces peines s'appliqueront aussi en cas de violences contre d'anciens élus (dans la limite de six années après le mandat).

Une peine de travail d’intérêt général (TIG) vient compléter les sanctions actuellement prononçables en cas d’injure, d'outrage ou de diffamation publique proférée contre des élus nationaux ou locaux ou d'autres personnes dépositaires de l'autorité publique. 

Une nouvelle circonstance aggravante est ajoutée en cas de harcèlement moral, notamment en ligne, contre des élus (pour un cyberharcèlement, jusqu'à 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende). 

Une autre circonstance aggravante au délit de mise en danger de la vie d'autrui, délit institué par la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, est prévue lorsque est visé un candidat pendant une campagne électorale (nationale ou locale) ou ses proches (époux, enfants...).

Les sanctions en cas d'atteintes dangereuses aux biens commises au préjudice de tous les élus (permanences parlementaires...) sont renforcées.

L'article 2 bis du texte qui modifiait la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse pour allonger de 3 mois à un an le délai de prescription des délits d’injure et de diffamation publiques proférées contre des élus, a été supprimé par la commission mixte paritaire. 

Prise en charge des élus locaux victimes améliorée

La loi rend automatique (sans décision préalable du conseil municipal) l’octroi de la protection fonctionnelle aux maires et aux adjoints ou anciens maires ou adjoints victimes de violences, de menaces ou d’outrages qui en font la demande. Elle précise que la protection fonctionnelle comprend les restes à charge et les dépassements d'honoraires médicaux et psychologiques engagés par les élus victimes. 

La protection fonctionnelle désigne l’ensemble des mesures de protection et d’assistance mises en œuvre par la collectivité publique à l’égard de ses agents qui sont auteurs ou victimes de faits commis dans l’exercice de leurs fonctions ou en lien avec leurs fonctions. Aujourd'hui, le délai entre la demande de protection d’un élu et le vote de la protection par l’organe délibérant est parfois particulièrement long. De plus, le refus de protection de la collectivité n'est pas toujours fondé "sur un réel motif d'intérêt général mais sur d’autres considérations, propres au contexte local".

L'octroi automatique de la protection fonctionnelle s'appliquera également aux présidents et vice-présidents des conseils régionaux et départementaux ainsi qu'à ces anciens élus.

Les dépenses de protection fonctionnelle sont rendues obligatoires pour les communes, départements et régions.

À noter : la proposition de loi portant création d'un statut de l'élu local, actuellement discutée au Parlement, va plus loin puisqu'elle étend l'octroi automatique de la protection fonctionnelle à tous les élus locaux et pas seulement aux exécutifs. 

Toujours en matière de protection, le texte élargit la protection fonctionnelle de l'État aux candidats aux élections et prévoit, sous certaines conditions, le remboursement par l'État des frais de sécurisation engagés par les candidats pendant la campagne électorale en cas de menace avérée. Un décret est prévu.

Une autre disposition met expressément à la charge de l’État la protection fonctionnelle des maires ou élus municipaux ayant reçu délégation, victimes de violences, menaces ou d’outrages lorsqu'ils agissent en tant d’agent de l’État (par exemple comme officier d’état civil ou officier de police judiciaire).

Devant la difficulté croissante des candidats ou des élus nationaux ou locaux à assurer leurs permanences électorales, le code des assurances est modifié. Ils pourront saisir le bureau central de la tarification (BCT) en cas de refus d'assurer leurs permanences par au moins deux compagnies. Ces dispositions seront applicables en 22 mars 2025. 

Information des maires par les parquets renforcée

La loi renforce l’information des maires par les parquets et prévoit la signature de conventions entre associations d’élus locaux, préfets et procureurs sur le traitement judiciaire des infractions commises contre des élus. De telles conventions existent déjà dans certains départements.

Les procureurs de la République pourront communiquer, dans un espace réservé dans les bulletins municipaux, sur les affaires en lien avec la commune.

La composition des conseils locaux et intercommunaux de sécurité et de prévention de la délinquance est renforcée.

Où en est-on ?

  1. Étape 1 validée

    Dépôt au parlement

    26 mai 2023

  2. Étape 2 validée

    Examen et adoption

    14 mars 2024

    Adoption définitive

  3. Étape 3 validée

    Promulgation

    21 mars 2024

Qu'est-ce que la procédure législative ?

Consulter