L'essentiel de la loi
Cette courte loi répond à l'origine à une demande du président de l’Association des maires de France (AMF). Devant la hausse des violences contre les élus (+50% en 2021) et pour donner plus de poids à la procédure, l'AMF avait souhaité, en novembre 2021, pouvoir se constituer partie civile en cas d’agression d'élus municipaux.
La loi, qui a été enrichie par les sénateurs en première lecture, modifie l’article 2-19 du code de procédure pénale, qui réserve aujourd'hui la possibilité de se porter partie civile aux seules associations départementales de maires affiliées à l’AMF pour les élus municipaux. La loi étend cette faculté pour d'autres élus, à d'autres associations, à d'autres instances et pour de nouvelles violences (comme un mur tagué, une voiture brûlée ou la divulgation d’un numéro de téléphone ou d’une adresse sur les réseaux sociaux).
Désormais, en cas d'agression d'un élu du fait de sa fonction ou de son mandat, peuvent se constituer partie civile :
- pour les élus municipaux, l’Association des maires de France (AMF), toute autre association nationale qui défend les intérêts de ces élus et ses associations départementales ;
- pour les élus départementaux, l’Assemblée des Départements de France (ADF), toute autre association nationale qui défend les intérêts de ces élus et ses associations départementales ;
- pour les élus régionaux, territoriaux et de l'Assemblée de Corse, l’Association des régions de France "Régions de France", toute autre association nationale qui défend les intérêts de ces élus et ses associations départementales ;
- pour leurs élus, le Sénat, l'Assemblée nationale, le Parlement européen ou la collectivité locale concernée.
Cette possibilité est également ouverte en cas d'agression de la famille d'un élu.
De plus, les motifs pour lesquels les associations, les Parlements et les collectivités locales peuvent se porter partie civile sont élargis à tous les crimes et délits contre les personnes et les biens, aux atteintes à l’administration publique (dont les menaces et outrages) ainsi qu'aux délits de presse. Jusqu'ici, le code de procédure pénale visait seulement les cas d'injures, d'outrages, de diffamations, de menaces ou de coups et blessures.
Concrètement, ces changements doivent permettre aux associations, aux Parlements et aux collectivités locales d'être tenus informés du déroulement de la procédure, de faire appel à un avocat mandaté par leur soin, d'avoir accès aux pièces du dossier, d'être entendus sur l'affaire, de demander des actes d'investigation, d'aider à chiffrer le montant du préjudice de l'élu ou de son proche victime et d'apporter tous les justificatifs nécessaires pour que les juges puissent prendre une décision et fixer des dommages et intérêts.