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Ségrégation résidentielle : quelle répartition des populations entre centres, banlieues et périphéries ?

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Alors qu’une étude de France Stratégie de 2020 faisait le constat d’un léger recul d’un phénomène de ségrégation sociale dans les grandes agglomérations, un regard élargi aux zones périphériques et péri-urbaines nuance le constat avec l’observation de "spécialisation sociologique des espaces résidentiels".

Comment les populations se répartissent-elles dans l’ensemble du territoire ? Existe-t-il une ségrégation résidentielle (par choix ou par relégation) au regard de cette répartition ? L’étude de France stratégie qui vient d'être publiée le 3 avril 2024 porte sur la période de 1968 à 2019 et sur 50 aires d’attraction des villes (AAV) de plus de 200 000 habitants. Les observateurs distinguent trois espaces résidentiels : 

  • la commune-centre ;
  • les autres communes du pôle (banlieue) ; 
  • la couronne ou périphérie (grande banlieue, communes péri-urbaines, voire rurales).

Ces AAV sont classées en deux catégories : les aires d’attraction moyenne (jusqu'à 700 000 habitants) et les grandes aires d’attraction (au-delà de 700 000 habitants). L’aire de Paris, compte-tenu de ses spécificités, est considérée comme une AAV à part.

Une tendance à vivre plus fréquemment en périphérie

Dans les AAV de taille moyenne, les auteurs de l'étude constatent un poids démographique plus important de l'espace péri-urbain (les couronnes représentent 41% de la population des aires en 2019 contre 31% en 1968), à l’inverse des grandes aires d’attraction où la population réside davantage dans le "pôle central" (commune-centre).

L'étude évoque des spécificités sociologiques en observant les mouvements par catégories sociales : 

  • une répartition géographique des ouvriers et des employés qui a peu évolué en 50 ans même si un léger mouvement est observé de la commune-centre vers la couronne ;
  • des classes intermédiaires qui ont davantage investi la périphérie des aires d'attraction et qui se répartissent aujourd'hui de façon plus homogène entre les trois espaces ;
  • des catégories supérieures (cadres et chefs d'entreprise) qui sont moins présentes dans les communes-centres et occupent davantage les communes en périphérie (à l'exception de Paris).

Si une légère baisse de la ségrégation résidentielle avait été constatée dans la précédente étude de 2020, la prise en compte de la périphérie plus lointaine des agglomérations fait apparaître des marqueurs sociologiques persistants.

Une situation plus hétérogène pour les populations immigrées

Des situations plus hétérogènes sont observées au regard du statut migratoire des populations.

Le personnes immigrées sont surreprésentées au centre des aires, particulièrement dans les AAV de taille moyenne, alors qu'à situation professionnelle équivalente, les populations non immigrées ont tendance à occuper davantage les communes péri-urbaines ou rurales.

La situation est inverse dans l'aire de Paris avec une population immigrée qui s'est déplacée de la commune-centre vers le pôle intermédiaire ("pôle hors commune-centre"). Ce mouvement vaut aussi plus globalement pour les catégories populaires (ouvriers et employés) non immigrées à ceci près que ces populations se déplacent davantage vers les espaces péri-urbains. Dans la capitale, alors que la représentation des cadres et des chefs d'entreprise immigrés avait fortement progressé de la fin des années 1960 au début des années 1980, elle a diminué depuis, au profit d'autres communes situées plus souvent en banlieues.