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© Tom Merton/Caia Image/Stock-adobe.com

Fréquentation de sites pornographiques par les mineurs : des chiffres alarmants

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

L'Arcom a publié une étude chiffrant la consommation pornographique chez les jeunes dans le but d'alerter les pouvoirs publics et les acteurs de la protection de l'enfance. Selon l'étude, 30% des internautes ayant fréquenté des sites pour adultes ont moins de 18 ans.

La large diffusion d'internet a facilité l'accès aux contenus pour adultes et il s'agit désormais d'une consommation de masse qui concerne aussi les mineurs.

Si la loi du 30 juillet 2020 prévoit l'obligation pour les sites pornographiques de mettre en place un contrôle de l'âge de leurs visiteurs, les mineurs semblent toujours avoir accès librement à ces contenus. Ils sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à les consulter

Le 25 mai 2023, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a publié une étude réalisée auprès de 25 000 panélistes en 2022 qui chiffre la consommation pornographique chez les jeunes.

Des chiffres préoccupants

Selon l'Arcom, 30% des internautes qui consultent les sites pour adultes sont des mineurs (soit 2,3 millions d'individus). Ils sont exposés à ces images pendant plus de 50 minutes en moyenne par mois.

L'Autorité de régulation constate que cette pratique est en hausse constante depuis plusieurs années puisqu'on compte plus de 600 000 mineurs supplémentaires depuis 2017.

La fréquentation des sites pornographiques par les mineurs est désormais comparable à celle des adultes : 30% chez les mineurs contre 37% chez les adultes.

Les mineurs qui fréquentent les sites pornographiques sont aussi de plus en plus jeunes. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons se rend en moyenne chaque mois sur ces sites. Ils sont près de deux tiers à s'y rendre entre 16 et 17 ans. En moyenne, 12% de l'audience des sites adultes est réalisée par des mineurs.

Les déterminants de la consommation de sites pornographiques

Les comportements varient très fortement en fonction du sexe et de l'âge :

  • les garçons mineurs passent sur ces sites trois fois plus de temps que les filles (2h12 par mois pour les hommes contre 43 minutes pour les femmes chez les adultes) ;
  • tous âges confondus, chaque mois en moyenne, les hommes sont 2,5 fois plus nombreux (53% contre 20%). Et en moyenne, plus de la moitié des garçons de 12 à 17 ans se rendent chaque mois sur des sites pour adultes alors que la fréquentation des adolescentes est très inférieure.

Les consommateurs de pornographie visionnent ces contenus essentiellement sur leur téléphone portable (75% des moins de 18 ans).

Quel équilibre entre protection des données et protection des mineurs ?

Pour éviter une simple déclaration de majorité pour accéder aux sites pornographiques, l'Arcom et la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) étudient conjointement plusieurs pistes dont l'obligation de présenter une carte bancaire ou un système de "double-anonymat" pour certifier avoir l'âge légal pour accéder à ces contenus.

Il faut cependant noter qu'il reste difficile de définir un dispositif efficace à cet effet puisque la protection des mineurs se heurte continuellement à :

  • la problématique des données personnelles ;
  • la non-coopération des sites concernés.

L'Arcom a mis en demeure 15 sites pornographiques pour qu'ils instaurent un véritable contrôle d'âge de leurs visiteurs et a saisi la justice pour demander le blocage de sept d'entre eux. Une décision du tribunal judiciaire de Paris est attendue le 7 juillet 2023.