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Discriminations sur le marché du travail : les personnes d'origine maghrébine moins souvent recontactées

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

La situation sur le marché du travail des personnes d'origine maghrébine est dégradée : candidatures moins suivies d'un entretien d'embauche, taux de chômage plus élevé, sentiment d'être discriminées. Cela s'explique peu par des différences de profils. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait le point.

L'Insee publie en mars 2023 une étude sur les immigrés et descendants d'immigrés. L'un des dossiers aborde les discriminations sur le marché du travail subies par les personnes d'origine maghrébine.

Les personnes d'origine maghrébine sont les personnes immigrées ou descendantes d'immigrés du Maghreb, ou celles dont les candidatures suggèrent cette origine. Elles sont comparées aux personnes sans ascendance migratoire (ni immigrées ni descendantes d'immigrés, ou dont les candidatures suggèrent une origine française).

Les discriminations sont abordées selon trois dimensions :

  • deux mesures objectives :
    • le comportement des recruteurs vis-à-vis des candidats ;
    • le risque de chômage de groupes d'actifs sur le marché du travail ;
  • le ressenti de ces actifs sur leur situation.

Des discriminations qui s'expliquent peu par les différences de profils

Comparées aux personnes sans ascendance migratoire, en 2019-2020, les personnes d'origine maghrébine ont :

  • un taux de rappel plus bas après une candidature à un poste (-10 points, 23% contre 33%) ;
  • un taux de chômage plus élevé (+10 points, 16% contre 6%) ;
  • un risque de rapporter une expérience discriminatoire à l'embauche deux fois plus élevé.

Les candidatures de qualité comparable, distinguées uniquement par le sexe et l'origine suggérés par les noms et prénoms, reçoivent une attention différente des recruteurs. Les candidats d'origine supposée maghrébine précisent avoir étudié, obtenu leur diplôme et travaillé exclusivement en France.

Le risque de chômage plus élevé s'explique peu par des différences d'expérience professionnelle ou de caractéristique individuelle (sexe, âge, diplôme…). Ces écarts inexpliqués pourraient résulter de discriminations subies à l'embauche.

Les différences de traitement ne se limiteraient pas à la phase de sélection, puisque 37% des hommes immigrés du Maghreb et 36% des femmes déclarent qu'un emploi leur a été injustement refusé. Ce sentiment pourrait être corroboré par le moindre taux de rappel et la part inexpliquée du chômage.

Taux de réponse moyen à une candidature selon le sexe et l'ascendance migratoire supposée des candidats
Comportement des recruteurs Noms de femme à consonance maghrébine Noms d'homme à consonance maghrébine Noms de femme à consonance française Noms d'homme à consonance française Ensemble des noms à consonance maghrébine Ensemble des noms à consonance française
Non-réponse 55,7 57,5 49,0 50,2 56,6 49,6
Refus 20,5 20,8 17,5 16,6 20,6 17,1
Rappel 23,8 21,8 33,4 33,2 22,8 33,3
Écart de taux de rappel +9,2 Réf. +0,6 Réf. -31,5 Réf.
Observations 2 400 2 400 2 400 2 400 4 800 4 800

Champ : France, 9 600 candidatures, correspondant à 2 400 offres d’emploi.
Sources : testing Dares/IPP/ISM Corum, 2019-2021.

La situation des hommes plus défavorable que celle des femmes

Comparées aux femmes sans ascendance migratoire supposée, les femmes d'origine supposée maghrébine ont en 2019-2020 :

  • 29% de chances en moins d'être rappelées en vue d'un entretien d'embauche (34% pour les hommes) ;
  • un taux de chômage de 21,8%, plus élevé de 16 points (respectivement 14% et 8 points pour les hommes) ;
  • 34% d'écarts de taux de chômage qui ne s'expliquent pas par des différences de profils ni des trajectoires professionnelles (91% pour les hommes).

Quelle que soit leur origine, en 2019-2020, les femmes âgées de 18 à 59 ans déclarent plus souvent qu'il y a 10 ans des discriminations. Cette dégradation est portée par le motif sexiste.