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Brexit : comment sortir de l'Union européenne ?

Temps de lecture  5 minutes

Par : La Rédaction

Le 23 juin 2016, les citoyens britanniques ont voté, par référendum, en faveur du retrait de leur pays de l’Union européenne (UE). Le 29 mars 2017, conformément à l’article 50 du traité sur l’Union européenne (TUE), le gouvernement britannique a notifié l’Union européenne de l’intention du Royaume-Uni de sortir de l'Union.

Le référendum du 23 juin 2016

À la question "Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ?" 51,9% des électeurs britanniques ont répondu "quitter l’Union européenne" (leave) tandis que 48,1% ont voté en faveur du maintien (remain). Le taux de participation s’est élevé à 72,2%.

Les clivages générationnels et géographiques ressortent clairement dans les résultats de cette consultation :

  • les trois quarts des électeurs entre 18 à 24 ans (66%) et la moitié des 25-49 ans (52%) ont voté pour le remain tandis que 58% des 50-64 ans ont préféré le leavecomme 62% des plus de 65 ans ;
  • les jeunes, les personnes les plus diplômées et les urbains ont voté pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union, tandis que les électeurs plus âgés, les personnes peu diplômées et les ruraux ont fait le choix inverse ;
  • seuls l’Angleterre (53,4%), à l’exception de Londres, et le Pays de Galles (52,5%) ont voté majoritairement en faveur d’un retrait, tandis que l’Écosse (62%) et l’Irlande du Nord (55,8%) ont choisi le maintien du pays dans l’Union.

Depuis ce vote, l’unité du gouvernement britannique et du pays tout entier a été mise à rude épreuve, tant sur la portée à donner au Brexit que sur la nature des relations futures entre les deux parties. 200 accords commerciaux doivent être renégociés, 80 000 pages de lois communautaires examinées.

Le 24 juin 2016, au lendemain du référendum, l’Union européenne a demandé que le gouvernement britannique fasse suite, le plus rapidement possible et conformément à l’article 50 du traité sur l’Union européenne (TUE), à la décision de quitter le giron institutionnel européen.

 

Les fondements légaux et procéduraux d’un retrait : l’article 50 TUE

Le 29 mars 2017, le gouvernement britannique a déclenché l’article 50 du traité sur l’Union européenne, officialisant ainsi la sortie du pays de l’UE. L’article 50 du TUE est une innovation du traité de Lisbonne (2009) que le Royaume-Uni a demandé à ajouter au TUE. Aucune disposition concernant le retrait d’un État membre n’existait auparavant.

L’article 50 prévoit une durée de deux ans après la notification par un État membre, pour conclure l’accord de retrait. Avec ou sans accord, la sortie du Royaume-Uni interviendra donc le 29 mars 2019 à minuit et aura des effets immédiats. Le pays sera un État tiers : ses citoyens quitteront les institutions et organes de l’Union. Les sièges des agences européennes établis sur le sol britannique seront transférés. Le Royaume-Uni ne sera plus tenu d’appliquer le droit européen et ne bénéficiera plus des avantages des États membres, comme le plein accès au marché intérieur et le bénéfice des accords commerciaux avec les pays tiers. Il sera soumis aux règles générales de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Quant au droit européen actuellement appliqué au Royaume-Uni, l’abrogation des milliers de lois européennes et leur remplacement par des lois britanniques sont des processus impossibles à accomplir en une aussi brève période. La seule solution consiste à adopter de nouveau, par une loi, la totalité du droit européen en le transformant en droit britannique.

Dans l’avenir, les autorités britanniques compétentes pourront modifier ce droit européen devenu droit britannique. Par ailleurs, de nouvelles politiques devront être conçues par le Royaume-Uni pour remplacer certaines de celles de l’Union (politique commerciale, douanière, agricole, de la pêche ou de la concurrence), ou pour reprendre les tâches accomplies par les agences européennes non ouvertes aux pays tiers (comme l’Agence sur les médicaments).

Ensuite, l’article 50 TUE permet au Conseil européen, votant à la majorité qualifiée renforcée (le Royaume Uni ne participant pas au vote) et avec l’approbation du Parlement européen, de conclure avec l’État qui se retire un accord sur "les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union européenne". L’article 50 ne donne pas à l’Union le droit de conclure avec un ancien État membre devenu pays tiers un accord sur leurs relations futures, commerciales ou autres. La base juridique sur laquelle l’accord sur le nouveau partenariat doit être conclu par l’Union se trouve dans les articles 216 à 219 TFUE (traité sur le fonctionnement de l’Union européenne) relatifs aux "accords internationaux". Le temps nécessaire pour négocier un tel accord avec l’Union est évalué à plusieurs années. La durée pour que le pays établisse des relations contractuelles avec ses principaux autres partenaires commerciaux sera encore plus long.

L’article 50 permet la mise en place d’une période de transition qui retarde les effets du retrait pour donner aux opérateurs économiques le temps de s’adapter. Le gouvernement britannique a demandé tardivement, en mars 2018, qu’une telle période de transition lui soit accordée. L’Union, tenant compte de la date de la fin de l’actuel budget, soit le 31 décembre 2020, a proposé une période de transition de 21 mois, du 29 mars 2019 au 31 décembre 2020. Dans cette intervalle, le Royaume-Uni est tenu par les mêmes obligations juridiques et budgétaires que les États membres, la seule différence étant que sa qualité d’État tiers ne lui permet de participer ni aux institutions (sauf sur invitation), ni aux décisions.