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Quelles sont les missions de votre association ?
Women Safe & Children est une association qui est basée dans les Yvelines.
Elle a ouvert ses portes en 2014 et elle prend en charge les femmes et les enfants victimes de violences.C'est un lieu qu'on a voulu unique, un lieu qui réunit la santé et la justice et qui a permis et qui permet encore aujourd'hui de traiter toutes les formes de violences, quel que soit le lieu dans lequel elles ont été perpétrées.
C'est une grande différence que nous avons apportée en 2014 puisque, à l'époque, les sujets étaient plutôt ou les formes de violence étaient plutôt traitées par tuyaux d'orgue.
Quand on s'installe sur un territoire, il est très important d'entrer dans un écosystème qui est déjà constitué d'associations avec une référente de l'État qui est très importante pour nous et qui a œuvré et qui œuvre encore aujourd'hui pour que toutes ces associations puissent être connectées de manière systématique, avec leurs particularités, leurs spécificités et aussi leurs ressources.Ce lien avec l'État, il était nécessaire, évidemment, parce que l'État, pour nous et pour nous, associations de terrain, est un label.
On va dire que la reconnaissance de l'État est primordiale dans l'implantation d'une association sur un territoire donné.
Notre particularité est à retenir.
Ces femmes viennent de 51 départements différents, ce qui a défini en fait notre contour, on va dire de prise en charge, certes basée dans une ville, mais avec des connexions avec les autres départements, les autres territoires.Ces femmes viennent donc de territoires différents, d'où notre volonté de faire de la connexion avec d'autres territoires que celui sur lequel on agit.
Le lien avec l'État ou en tout cas avec cette référente égalité, cette déléguée départementale.
Il est aussi de nous amener à obtenir des subventions qui vont évidemment aider nos associations à œuvrer. Pour nous, toutes les prises en charge sont gratuites, donc il est d'autant plus important d'avoir les moyens de l'État pour nous aider à œuvrer au plus près des victimes.Comment se passe votre partenariat avec l'État ?
Nous construisons un projet avec les services de l'État avec un objectif, c'est identifier que nous sommes partenaires.
C'est une coopération entre une association et l'État.
Le projet doit effectivement avoir une cohérence et apporter mutuellement.Pour moi, l'État apporte aux associations principalement les moyens.
Je l'ai dit tout à l'heure les moyens, mais aussi l'écoute, l'innovation qui peut s'accompagner.
Et puis, évidemment, le soutien, le soutien à la rédaction ou en tout cas, l'aide à la partie administrative dans l'appel à projets.Pour nous, associations de terrain, qu’apportons-nous finalement à l'État ?
L'expérience de terrain puisqu’aujourd'hui, on fait remonter énormément d'informations qui peuvent alerter, qui peuvent nécessiter une modification pour avoir une meilleure efficacité, surtout dans le cas d'un projet précis.
Et on a tout intérêt à être dans une interconnexion permanente et à prôner finalement ensemble le mieux travailler ensemble.
Lorsque l'on a créé l'association en 2014, on avait une volonté forte.
C'est de réunir en un même lieu des professionnels et dans ce même lieu, on a ciblé sur l'importance d'y intégrer des professionnels de santé.On s'est situé très rapidement comme une interface entre la ville et l'hôpital.
Cette interface, en fait, elle devait être expliquée à l'État.Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, nous avons besoin d'y associer tous les acteurs de la santé, qu'ils soient dans les hôpitaux ou qu'ils soient dans les cabinets, par exemple, de médecine libérale ou de professionnels libéraux.
C'est pour démontrer qu'en fait, la victime aujourd'hui doit avoir un choix de pouvoir aller vers un professionnel qui va l'aider.
Alors évidemment les professions libérales ne sont pas à l'aise avec cette façon de les solliciter pour être dans la prévention et l'action.
Donc, on les a amenées à mieux comprendre que ces acteurs de proximité que sont les médecins, que sont des kinés, des dentistes ce sont ceux qui vont être dans le repérage le plus facile.
Je donne un exemple : une femme qui vient tous les lundis matin pour demander un arrêt maladie.
Il y a un problème, donc le médecin doit s'y intéresser.
Nous, c'est très simple.On essaye au niveau de l'association d'être le plus en connexion avec des services qui semblent normalement inaccessibles. Je pense notamment à la police.
Nous faisons beaucoup de formations de policiers et aujourd'hui, cette fluidité, elle s'installe parce qu'on se connaît mieux, parce qu'on a envie de travailler ensemble et parce que le fait de se connaître mutuellement permet aussi d'identifier quel est le métier de l'autre, comment il peut s'intégrer le mieux à une prise en charge qui va être efficace.
Quelles améliorations pouvez-vous proposer ?
Alors, pour améliorer la fluidité de la coopération entre l'État et l'association, j'y ajouterai un premier point essentiel, c'est la construction des appels à projets qui sont très complexes pour les associations.
Elles nécessitent même un emploi à temps plein chez nous, ce qui n'est pas normal puisque tous les moyens que l'on nous donne, c'est normalement au bénéfice des victimes.
La complexité des appels à projets m'amène à vraiment conseiller de revoir un peu la manière dont ces appels à projets sont construits.Le deuxième conseil que j'aimerais donner, c'est d'amener à une fluidité des informations.
Je pense notamment aux femmes qui aujourd'hui viennent nous voir et qui sont amenées à quitter leur territoire d'origine pour venir demander de l'aide sur notre territoire.Que rencontre-t-on comme complexité ?
C'est très simple.
C'est déjà arriver à avoir de l'information concernant, par exemple, un auteur.
On se rend compte que souvent, les services publics, et je pense notamment aux forces de l'ordre, n'ont pas toujours les bonnes informations sur l'antériorité des violences, sur l'histoire ou le passif d'un auteur.Pour une femme qui vient chez nous, par exemple, là, il y a une autre problématique, c'est sa demande de s'implanter sur un autre territoire.
Là, on rencontre une nouvelle complexité.
C'est une impossibilité pour une personne de facilement s'implanter socialement sur un autre territoire.Je donne pour exemple une femme qui est venue de Guyane, qui avait subi des graves violences.
Ses enfants aussi. Elle quitte la Guyane. Elle arrive dans les Yvelines.
Gros problème d’inclusion de cette personne d'un point de vue social.
D'abord parce qu'on lui donne une mauvaise ou une mauvaise réponse.On dit que cette femme n'est pas française, ce qui est une catastrophe puisque, effectivement, c'est cette... Peut-être cette manière de traiter l'aspect social et l'ancrage social de la personne qui est un vrai problème pour les associations.
Autant dans la prise en charge globale, on va se retrouver effectivement avec un millefeuille.
J'aime bien cette expression parce qu'on a en fait plusieurs strates de services publics.
On a l'État, on a le département, on a la région.Toutes les missions de ces, finalement, de ces institutions sont différentes, pas toujours bien connues puisque certaines s'adressent.
La région s'adressera plus à l'adulte, l'adulte majeur, le département, plus à l'enfant mineur, voire la petite enfance.
Et puis, l'aspect social de la personne et vous avez l'État, l'État qui va essayer de réguler en y mettant effectivement des actions qui seront plus ciblées sur les forces de l'ordre, le lien avec le parquet, etc.
Et c'est pour nous, associations, quelque chose d'extrêmement complexe parce qu'il faut y trouver toujours les bons interlocuteurs qui vont y mettre effectivement leur expertise de bon niveau sans tenir compte, par exemple, que quelqu'un peut venir d'un autre territoire et qu'il faut absolument l'intégrer parce que on parle bien de victimes et aujourd'hui, les violences ne sont pas une maladie.
On ne peut pas traiter ça par géolocalisation ou comme on le fait par exemple pour la psychiatrie, on dit c'est sectorisé.
Aujourd'hui, une personne qui est victime de violences est une personne qui a besoin d'aide et qui ne peut pas être dans les contraintes.
On va dire de ces strates dans lesquelles on va effectivement ne pas mettre suffisamment de cohérence.