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© Silas Stein / DPA / Picture-Alliance/AFP

BCE : un nouveau cadre pour la mise en œuvre de la politique monétaire

Temps de lecture  3 minutes

Par : La Rédaction

Réduction de l’écart entre les taux directeurs et, en cas de besoin, nouvelles opérations de refinancement à plus long terme, mais aussi nouveau portefeuille structurel de titres… La Banque centrale européenne (BCE) prend acte du nouveau cadre monétaire établi depuis la crise de 2008 – elle l’institutionnalise. Avec quels effets ?

Les années de crise ont modifié profondément la politique monétaire. Face aux chocs depuis 2008 – crise financière, crise de la zone euro, crise sanitaire –, les banques centrales ont profondément innové en matière d'outils et de conduite de la politique monétaire, avec notamment la mise en place de l’assouplissement quantitatif (ou quantitative easing : taux à zéro et achat massif de titres pour injecter des liquidités dans le système bancaire). En décembre 2002, la Banque centrale européenne (BCE) a signalé vouloir adapter le pilotage de sa politique monétaire. Elle présente ce nouveau cadre opérationnel.

Une conduite de la politique monétaire plus fine et plus flexible

Le Conseil des gouverneurs, principal organe de décision de la BCE, a publié le 14 mars 2024 des modifications de la mise en œuvre de sa politique monétaire qui "tiennent compte des changements significatifs survenus dans le système financier et la politique monétaire ces dernières années" :

  • pilotage de l’orientation de la politique monétaire à travers le taux d’intérêt avec lequel elle rémunère les dépôts des banques auprès d’elle (taux de la facilité de dépôt) ;
  • maintien de la fourniture de liquidités à travers une large gamme d’instruments ;
  • réduction de l’écart entre le taux avec lequel la BCE rémunère les dépôts auprès d’elle (facilité de dépôt) et le taux avec lequel les banques peuvent se fournir en liquidité auprès de la BCE (opérations principales de refinancement) : ce différentiel passe à partir du 18 septembre 2024 de 50 points de base à 15 points ;
  • poursuite de la réduction du bilan de la BCE ; 
  • mise en place ultérieure de nouvelles opérations de refinancement à plus long terme et d’un portefeuille structurel de titres afin de fournir de nouvelles liquidités aux banques ;
  • maintien du taux des réserves obligatoires à 1% (les réserves obligatoires ne sont pas rémunérées).

L’objectif est d’assurer que la politique monétaire "reste efficace, solide, flexible et efficiente, à l’avenir, à mesure que notre bilan se normalise" selon Christine Lagarde, présidente de la BCE.

Maintien des liquidités et moins de volatilité

Avec cette adaptation, la BCE signale ne pas vouloir revenir à une gestion de la politique monétaire plus conventionnelle, celle d’avant les crises. Elle institutionnalise la possibilité de soutenir les marchés par des mesures non conventionnelles (refinancement à plus long terme et achat de titres) et renonce à augmenter le taux des réserves obligatoires, ressenti comme un resserrement monétaire.

Face à des banques commerciales qui, depuis l’assouplissement quantitatif, disposent de liquidités excédentaires, elle entend à l’avenir davantage conduire sa politique monétaire par le biais des dépôts au lieu des prêts qu'elle fournit. De facto, le principal taux directeur sera désormais le taux de la facilité de dépôt, actuellement à 4%.

En réduisant l’écart entre le taux de dépôt et le taux de refinancement, la volatilité des taux interbancaires sera atténuée à l’avenir.