Conférence de presse de Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, sur la crise agricole et la modification du corps électoral pour les élections au congrès et aux assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie, Paris le 29 janvier 2024.

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Intervenant(s) : 
  • Prisca Thevenot - Ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

Circonstance : Conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres

Texte intégral

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y a cinq jours, à ce même pupitre, je vous disais que le Premier ministre Gabriel Attal avait entendu l'appel du monde agricole et que le Gouvernement allait y répondre de manière rapide et forte. C'est ce qu'a fait précisément le Premier ministre vendredi dernier en rappelant, en même temps, notre cap, inchangé depuis 2017 : garantir notre indépendance agricole, garantir notre souveraineté agricole. C'est pour cette agriculture à la française que nous battons depuis 2017. Pour cette agriculture qui nous permet à la fois de produire, et de protéger. Produire, pour rester une grande nation agricole, et protéger parce que nous ne pouvons pas laisser notre agriculture être à la merci de la concurrence déloyale. Protéger aussi face au réchauffement climatique, car les premières victimes du réchauffement climatique sont justement nos agriculteurs.

Les agriculteurs nous ont alertés sur la nécessité d'aller encore plus loin dans la protection de leur rémunération. Oui, les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur travail. C'est en ce sens que nous avons voté, dès le début de la présidence d »Emmanuel Macron en 2017, trois lois Egalim. En 2018, en 2021 et en 2023 pour redonner du poids aux agriculteurs dans la négociation des prix, face à la grande distribution. C'est aussi en ce sens que nous avons modifié le mode de calcul des retraites agricoles. Elles sont désormais calculées sur les 25 meilleures années.

Vendredi, le Premier ministre a fait des annonces fortes pour aller toujours plus loin dans ce sens. Nous allons doubler les contrôles sur la grande distribution et les industriels. Il faut que des lois votées soient des lois appliquées. Nous avons décidé la suppression totale de la hausse de la fiscalité sur le GNR qui a permis dès le mois de février une avance de 50 %. Ce sont 215 millions d'euros qui iront directement dans la trésorerie de nos agriculteurs dès le mois prochains. Nous avons également décidé la remise de la TICPE qui aura lieu dès le 1er juillet directement sur la facture. Les agriculteurs n'auront plus à avancer des frais et ceux qui ne la demandent plus, ne la demandent pas, l'auront directement. Ces mesures sont simples, justes, mais surtout concrètes.

Les agriculteurs nous ont aussi demandé de nous protéger davantage contre les conséquences des aléas climatiques. C'est notamment pour cela que nous avons décidé une nouvelle assurance récolte dès l'année dernière. Mais là aussi nous devons aller plus loin. Nous avons donc décidé de verser plus rapidement les indemnisations suite aux intempéries et aux inondations. Nous avons décidé de débloquer 50 millions d'euros dès le mois prochain pour faire face aux conséquences de la maladie MHE qui touche la filière bovine. Nous avons également décidé un plan spécifique pour la viticulture en Occitanie, que nous annoncerons dans les prochains jours avec des mesures d'urgence, mais également des mesures structurelles pour nos vignerons. Là encore, c'est du concret.

Les agriculteurs nous ont aussi appelés à poursuivre notre action pour assurer l'avenir de leur métier, et donc la pérennité de notre modèle agricole à la française. Nous avons donc demandé à la Commission européenne de revenir sur la règle des jachères, et nous avons déjà reçu le soutien de 22 États membres. Nous avons aussi exprimé notre opposition à la ratification du traité Mercosur, tant que les règles de réciprocité ne seraient pas respectées.

Par ailleurs, le président de la République assume qu'il ne faut pas opposer ambition environnementale et agriculture à la française. C'est pourquoi sa position est ferme et claire depuis 2017 sur les produits sanitaires : pas d'interdiction sans solution.

Surtout, les agriculteurs nous ont alertés également sur l'étouffement administratif et ses conséquences. Depuis 2017, nous avons engagé un vaste chantier de simplification face aux normes qui écrasent plus qu'elle ne libèrent. Vendredi dernier, c'est un choc de simplification pour les agriculteurs qui a été annoncé par Gabriel Attal, avec 10 mesures immédiates et concrètes dans tous les domaines. Sur les délais de recours sur les projets agricoles, sur l'unification, l'harmonisation et la rationalisation des règles et des normes, ou encore la limitation des contrôles administratifs et des délais de recours.

Je veux rappeler un point essentiel. Notre action de s'arrête pas aux annonces de vendredi dernier. Le Premier ministre rencontre ce soir les représentants agricoles. Par ailleurs, le ministre de l'agriculture , Marc Fesneau, a fait savoir que de nouvelles mesures seront prises dès demain. Le président de la République, quant à lui, abordera le sujet au Conseil européen qui se tiendra ce jeudi. La mobilisation du Gouvernement aux côtés des agriculteurs s'inscrit dans la durées et nous échangeons avec leurs représentants pour répondre au mieux à leur situation. Et nous continuerons bien évidemment dans les prochains jours et dans les prochaines semaines. Nous sommes mobilisés, depuis l'élection du président de la République, à défendre l'agriculture à la française. Nous l'avons été hier, nous le sommes aujourd'hui et nous continuerons à l'être demain. Nous serons résolument au rendez-vous de nos résultats.

Évidemment, vous l'avez également noté, certains ont découvert l'existence des agriculteurs la semaine dernière. Ils se sont rués sur l'occasion pour servir leur manège électoral. Je vous rassure tout de suite : ils oublieront aussi vite les agriculteurs qu'ils se sont jetés sur leur colère pour l'instrumentaliser. Cet opportunisme cynique, c'est celui du buzz sans scrupule, et de la provocation sans solution. Nombreux politiques deviennent experts dans l'art de la réaction. Nous assumons de continuer à être dans la solution et l'action. L'action pour nos agriculteurs, mais aussi pour l'excellence de notre école, pour lutter contre l'inflation, pour renforcer la sécurité dans tous les territoires, pour accélérer la transition environnementale… Vous me suivez.

J'en viens donc au discours de politique générale qui aura lieu demain à l'Assemblée nationale et après-demain au Sénat dans lequel le Premier ministre rappellera les modalités d'exécution du cap fixé par le président de la République et le rythme annoncé.

Au conseil des ministres de cet après-midi, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a présenté un projet de loi constitutionnel modifiant le corps électoral pour les élections au Congrès et aux assemblées de province de la Nouvelle-Calédonie ainsi qu'un projet de loi organique permettant le report du renouvellement des membres de ces deux assemblées.

La priorité du Gouvernement reste la recherche d'un accord entre les différents acteurs en Nouvelle-Calédonie. La ligne rouge a toujours été claire : procéder au dégel du corps électoral avant le prochain scrutin provincial, si aucun accord sur le nouveau statu n'était trouvé. Dans ce contexte, fidèlement à son engagement initial, le Gouvernement a lancé le processus de révision de la Constitution et du statut organique de la Nouvelle-Calédonie afin de procéder au dégel du corps électoral provincial. Le projet de loi organique prévoit donc le report de l'élection au plus tard le 15 décembre prochain. Pour ne pas compromettre les perspectives d'un accord global qui reste, je le rappelle, notre priorité, le texte prévoit que la modification constitutionnelle n'entrera en vigueur au 1er juillet prochain qu'en l'absence d'un accord.

Je vous remercie et je me tiens à votre disposition pour toutes vos questions.


Source https://www.gouvernement.fr, le 30 janvier 2024