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Les relations franco-algériennes dans les discours publics depuis 1962

Temps de lecture  7 minutes

Par : La Rédaction

La relation France-Algérie est complexe depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, entre périodes de rapprochements et tensions. Les séquelles de la colonisation et de la guerre d’Algérie s’invitent de façon régulière dans le débat. Vie publique vous propose la relecture de discours publics sur les relations entre les deux pays.

La deuxième visite du président de la République, Emmanuel Macron en Algérie du 25 au 27 août 2022, après la visite du 6 décembre 2017, s'est scellée par la signature de la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie

Cette visite est placée sous le signe du renforcement de la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux, le nouveau pacte pour la jeunesse et la poursuite du travail d’apaisement des mémoires. Les deux présidents annoncent la création d'une commission mixte d'historiens français et algériens afin de travailler sur les archives de la colonisation et la guerre d’indépendance. 

"La France et l'Algérie décident d'inaugurer une nouvelle ère de leurs relations d'ensemble en jetant les bases d'un partenariat renouvelé, qui se décline à travers une approche concrète et constructive, tournée vers des projets d'avenir et la jeunesse, à même de libérer le potentiel de leur coopération et conforme aux aspirations de leurs peuples". 

Le 9 octobre 2022, la Première ministre, Élisabeth Borne est également allée en Algérie pour concrétiser ce partenariat.

Années 2010 : les questions mémorielles

Le 17 octobre 2012, François Hollande devenu président de la République, s'exprime dans un communiqué sur la manifestation du 17 octobre 1961 : "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits".

Pour sa part, en 2021, Emmanuel Macron reçoit le rapport rédigé par l'historien Benjamin Stora sur "Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie". Comme proposé par le rapport, le président de la République a reconnu, le 2 mars 2021, la responsabilité de la France dans la mort de l'avocat Ali Boumendjel.

Années 2000 : entre coopération et tensions

En 1999, avec l'élection d'Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie renoue avec la France. La relance des relations se traduit par une multitude de projets (politiques, économiques, culturels...) ainsi que des visites des Présidents des deux États. 

Le 3 mars 2003, lors de la première visite d'État d'un Président français en Algérie depuis l'indépendance, Jacques Chirac s'exprime devant le Parlement algérien : "Après l'Indépendance, des hommes de vision ont montré le seul chemin, celui de la réconciliation, du développement, de l'avenir. Malgré les obstacles et les hésitations, la coopération entre nos deux pays est devenue petit à petit une réalité. Le temps de l'indépendance ne fut jamais celui de la rupture. Le Général de Gaulle, pas plus que les dirigeants du jeune État algérien, ne la souhaitaient ni ne l'envisageaient. Au contraire, le mot-clé devint celui de "coopération"."

Durant cette période, les questions mémorielles ont pris une place particulière. Ainsi, un article d’une loi de 2005 vantant "le rôle positif de la présence française en outre-mer, notamment en Afrique du Nord" a contribué à un regain de tension entre les deux pays. Cette mention dans la loi a finalement été abrogée en 2006. En 2010, une proposition de loi visant à criminaliser le colonialisme français a été déposée au Parlement algérien et provoqué une nouvelle levée de boucliers entre les deux pays.

Des accords d’Évian de mars 1962 aux années 1980

Après 132 ans de colonisation et au sortir d’une guerre de huit ans (1954-1962), Alger et Paris font le choix, en 1962, de la coopération afin de maintenir les liens les unissant. Le traité des accords d'Évian restera en vigueur après l'indépendance pour continuer à régir les relations futures entre les deux États.

Ainsi, la première période d'après-guerre est marquée par une forte coopération et fait notamment bénéficier la France d'une source d'énergie (pétrole et gaz) et de la possibilité d'effectuer des essais nucléaires dans le Sahara, tandis que l'Algérie bénéficie de compensations financières.