Soixante ans après la fin de la guerre d'Algérie, la date de l’hommage national aux morts en Algérie continue de faire débat, notamment entre représentants des rapatriés et Harkis d'une part, associations d’anciens combattants d’autre part.
Dans le cadre du devoir de mémoire, une politique commémorative a été lancée afin de pacifier les mémoires, faire perdurer le souvenir et transmettre l’histoire de ces événements qui se sont déroulés en Algérie entre 1954 et 1962. Dans son rapport remis le 20 janvier 2021 à Emmanuel Macron, l’historien Benjamin Stora recommande la mise en place d’une commission "Mémoire et vérité" chargée de proposer des initiatives mémorielles communes entre la France et l’Algérie. De même, Benjamin Stora préconise en particulier de commémorer différentes dates symboliques en lien avec la guerre d'Algérie comme le 19 mars (cessez-le-feu en Algérie après les accords d'Évian), le 25 septembre (hommage aux Harkis) ou encore le 17 octobre (répression de la manifestation des travailleurs algériens en France).
Dans ce contexte, Vie-publique.fr propose une sélection de discours autour de la question des victimes de la guerre d’Algérie et du choix de la date du 19 mars comme date de commémoration.
À partir de 2012
Cinquante ans après la fin de la guerre, le secrétaire d’État aux anciens combattants, Marc Laffineur, annonçait que l’État n’organiserait pas de commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962 entre la France et le FLN algérien.
"Aussi, le 19 mars ne peut pas être une commémoration nationale. Car, précisément, le 19 mars divise. Si je peux comprendre que cette date marque la satisfaction de soldats à retrouver leurs foyers, rien ne peut faire oublier que cette date marque pour vous le début d'un drame personnel, familial. Je n'oublie pas non plus que des dizaines de milliers de harkis et de pieds-noirs ont été tués dans les semaines et les mois qui suivirent les accords d'Évian. Alors, par respect pour les victimes, par respect pour les familles, par respect pour vous, la Nation ne peut pas et ne doit pas se rassembler le 19 mars."
Plus de 10 ans après avoir été déposée à l’Assemblée Nationale, le Parlement a pourtant adopté une loi en 2012, qui vise à reconnaître à la guerre d’Algérie son caractère central dans la construction de l’identité française moderne et assurer une transmission apaisée de sa mémoire aux générations futures. Pour cela, a été instituée, le 19 mars, date symbolique et historiquement significative, une journée nationale du souvenir et de recueillement dédié à toutes les victimes de ce conflit, civiles comme militaires. François Hollande sera le premier président de la République à assister à cette journée de commémoration. Cette célébration, le 19 mars 2016, fera l’objet d’une tribune dans Le Figaro où des personnalités politiques protestent contre sa participation.
- Déclaration de M. François Hollande, sur la guerre d'Algérie, le 19 mars 2016.
- Entretien de M. Jean-Yves le Drian, dans "Le Figaro" du 15 février 2016, sur la lutte contre le terrorisme et la participation du président de la République aux célébrations des accords d'Évian sur l'Algérie du 19 mars 1962.
D'autres déclarations publiques des membres du gouvernement :
- Message de Mme Patricia Mirallès, le 19 mars 2023.
- Message e Mme Geneviève Darrieussecq, le 19 mars 2022.
- Déclaration de Mme Geneviève Darrieussecq, à Paris le 19 mars 2021.
- Communiqué de la Présidence de la République, en date du 2 mars 2021, sur la reconnaissance par la France de l'assassinat d'Ali Boumendjel pendant la guerre d'Algérie.
- Déclaration de M. Emmanuel Macron, sur la mort de Maurice Audin, jeune mathématicien et militant de l'indépendance algérienne et l'utilisation de la torture pendant la guerre d'Algérie, le 13 septembre 2018.
- Message de M. François Hollande, sur la disparition en 1957 de Maurice Audin, jeune professeur et militant de l'Algérie indépendante, le 18 juin 2014.
- Message de M. Kader Arif, ministre des anciens combattants, le 19 mars 2014.
- Déclaration de Mme Aurélie Filippetti, sur l'immigration et notamment l'exil des algériens en France pendant la guerre d'Algérie, Paris le 8 octobre 2012.
Avant 2012
- Déclaration de M. Jean-Louis Debré, sur la politique menée par Michel Debré, lors de la guerre et de l'indépendance de l'Algérie, le 27 avril 2006.
- Interview de M. Hamlaoui Mekachera, dans "Le Parisien" du 5 décembre 2002, sur le mémorial de la guerre d'Algérie, le choix d'une date de commémoration pour la guerre d'Algérie et les relations franco-algériennes.
- Communiqué du secrétariat d'Etat à la défense, chargé des anciens combattants, sur le choix d'une date de recueillement et de souvenir pour les victimes de la guerre d'Algérie, le 22 janvier 2002.
- Déclarations de M. Lionel Jospin, en réponse à des questions sur la torture pendant la guerre d'Algérie, le 16 mai 2001.
- Discours de M. Pierre Mauroy, lors de la discussion sur le projet de loi visant à supprimer les séquelles de la guerre d'Algérie, le 23 novembre 1982.
- Déclaration de politique générale de M. Georges Pompidou, sur les accords d'Évian et le rôle de la France au sein de l'Alliance atlantique et de la construction européenne, le 26 avril 1962.